1943 : la France est occupée et les Français se sont installés dans cette drôle de guerre sans trop savoir ce qui leur arrive. Des Allemands ? On en rencontre quelquefois, mais une sorte d’équilibre s’est installée et chacun feint d’ignorer l’autre. Les maquis sont très actifs dans cette région et les « SS » font des patrouilles incessantes entre le chef-lieu et la sous-préfecture du nord du département. Ils font peur et tous se détournent à leur passage. La nuit, on entend parfois des tirs, mais on se refuse à poser des questions sur leurs origines, questions qui souvent pourraient être bien gênantes. À Autrecourt-sur-Aire, petit village de l’Argonne, toute la vie est concentrée sur le ravitaillement. Il faut savoir que Autrecourt est un haut lieu de la chasse et sa plaine est régulièrement pillée par les dignitaires allemands. Ils arrivent en bus le matin, sans prévenir, réquisitionnent tout ce qu’ils trouvent pour former un rabat et chassent toute la journée lièvres et perdreaux qui abondent. Les traques sont identiques et toujours menées de la même façon : une équipe chasse de Lavoye vers Ville-sur-Cousances, situé sur le flanc nord du territoire, pendant que l’autre chasse parallèlement de la fontaine de Saint-Avit à Hypécourt, flanc sud du secteur de chasse. Après un regroupement et une collation à la baraque des cantonniers, au-dessus d’Hipécourt et sous les regards envieux des Français, tout le monde revient par le Fond de l’Enfer, au centre du terroir, là où le gibier qui a échappé aux rabats précédents, est venu se réfugier...
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