La météo plutôt clémente m'incita à revêtir ma tenue de chasse, chausser mes bottes et sortir ma carabine du râtelier… En ce matin de Noël, mon épouse, me voyant ainsi harnaché, me regarda incrédule et me dit : « tu ne vas tout de même pas aller à la chasse un jour de Noël ? ». Ma réponse invoqua le besoin de prendre l'air et de sortir les chiens, ce qui fera du bien aux uns et aux autres. Franchissant le pas de la porte, ma douce moitié m'invite alors à être prudent et surtout à ne rien ramener… Je la rassure en lui rappelant que la veille, des chasseurs sont venus faire tout le coin et il n'y a guère de chances pour que sangliers et chevreuils soient restés dans les parages. Un peu nonchalant à la suite d’une nuit un peu courte en raison du réveillon, me voilà parti largement précédé par mes deux chiennes qui ne savent rien de Noël mais pour qui, cette sortie est un cadeau. Ici dans notre montagne cévenole, il ne sert à rien de se presser car la montagne ne s'en ira pas, et à cette heure avancée de la matinée, le gibier est maintenant remisé depuis un bon moment. Tout ceci sous-entend que, pour rencontrer des animaux sur pied, c'est raté. Après avoir gravi un dénivelé d'une centaine de mètres, j'arrive à la place du hameau où plus personne n'habite depuis longtemps, mais où des taches de sang et les reliefs d'un pique-nique moderne jonchent le sol. C'était donc ça, hier ils ont fait « Castagno » et sont tombés sur les sangliers. Cette destination située à quelques centaines de mètres au-dessus des dernières ruines du village, avait pourtant ma faveur. Les chiennes, Cachou la teckel et Chipie la drahthaar, c'est un peu double Patte et Patachon, sont très affairées à examiner consciencieusement les emballages plastiques, au cas où une couenne de lard aurait été oubliée. Elles ne font point cas des traces de sang qui maculent le sol. Pourtant moi, si j'étais chien…
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