Le petit journal de deux indissociables : la chasse et l'environnement

Sanglier record à Sulniac (Morbihan)

À Sulniac, entre Vannes et Questembert, la Société de chasse communale a vécu un moment exceptionnel qui restera gravé dans les mémoires. Le dimanche 28 septembre, une battue organisée sur son territoire de 1 500 hectares, a permis le prélèvement de cinq sangliers. Mais parmi ces animaux, l’un d’eux a particulièrement marqué les esprits : un impressionnant quartanier affichant sur la bascule 186,5 kilos. Ce poids remarquable en fait probablement le record du département et, à coup sûr, une première dans l’histoire cynégétique de Sulniac. L’animal, un grand mâle resté prudemment à la bauge, pensait échapper aux chasseurs. Mais c’était sans compter sur la vigilance et l’expérience de Xavier Dano, 71 ans, ancien président de la Société de chasse communale. À une vingtaine de mètres seulement, il n’a pas tremblé. Son tir a été net et précis, et la balle de 9,3x62 a mis instantanément fin à la fuite du colosse. « C’est un moment rare, un souvenir qui restera longtemps », a confié l’auteur du tir, visiblement ému, devant ses camarades. La Société de chasse de Sulniac réunit aujourd’hui 35 membres, parmi lesquels se trouvent également quelques dames passionnées, participant activement à la vie du groupe. L’ambiance qui y règne est sereine, amicale et conviviale. Chaque battue est l’occasion de partager bien plus qu’une activité de chasse : c’est un temps de camaraderie, de solidarité et de respect mutuel, où les générations se côtoient et perpétuent une tradition profondément ancrée dans la commune. Le prélèvement de ce sanglier record illustre par ailleurs un phénomène de plus en plus prégnant : la forte présence de ces animaux sur le territoire. Les sangliers, en expansion constante, sont devenus de véritables ennemis des agriculteurs pour les dégâts considérables qu’ils commettent dans les cultures, rendant la régulation indispensable pour préserver l’équilibre entre faune sauvage et activités humaines. Cette mission de gestion, la Société de chasse de Sulniac l’assume pleinement, dans le respect des règles et avec une attention particulière à l’harmonie du territoire. (Photos Société de Chasse de Sulniac).

 


Trophées : la sélection d'octobre 2025

Ardennes

Un « Six pointes » à l’architecture remarquable

Ce beau six-pointes, tué le 28 juin dernier à Nanteuil sur Aisne par Maxime Vidal, présente une architecture proche de la perfection, avec ses fourches bien ouvertes et ses grands andouillers antérieurs, dont l’un est nettement plus long que l’autre. Le poids net du trophée s’élève à 410 grammes, pour un volume de 170 millilitres. Les perches mesurent respectivement 26,6 et 27,7 cm et leur envergure est de 11 cm. La cotation finale est arrêtée à 119,08 points.

 

Loir-et-Cher

Belle fracture de pivot

Parmi les têtes bizarres présentées sur l’espace d’exposition commun à l’ANCGG et l’AFMT, à l’occasion du dernier Game Fair de Lamotte Beuvron, voilà un cerf dont le pivot gauche a été fracturé, lors d’un choc ou autre accident, ce qui a eu pour effet de produire ce trophée d’exception. Un bois droit de type 8 cors tout à fait dans la normalité, et un bois gauche avec une fourche basse orientée vers le bas, surmonté d’une longue perche orientée, elle, vers le haut. Quoi qu’il en soit, le résultat est là : une magnifique tête atypique !

 

Charentes

Un beau brocard de Saintonge

Ce joli brocard a été obtenu le 4 oût 2025 par Patrick Guérin, sur le territoire de la commune de Lupsault. Les merrains mesurent 24,7 et 25,3 cm, et leur envergure est de 15 cm. Le volume des bois est évalué à 185 ml, pour un poids net de 402 g. Peu perlés, les bois présentent une régularité quasi parfaite, avec de longs andouillers aux pointes affilés. La cotation définitive s’élève à 125,20 points.

 

Vosges

Jeune grand cerf

Ce cerf, 18 cors irrégulier, affiche des dimensions dignes d’un grand trophée. D’ailleurs, sa cotation finale, qui est enrichie de 15 points pour la beauté, est arrêtée à 192,55 points. Il a été tiré en forêt domaniale de Darney par Laurent Barbie, le 17 septembre 2024. Seulement âgé de 5 ans, on imagine quel aurait pu être le trophée avec quelques années de plus. Tiré beaucoup trop jeune, le trophée a été taxé d’un double point rouge par la commission de la Fédération chargé de l’examen des trophées et de l’appréciation des tirs. Les mensurations : merrains : 89 et 89,8 cm ; andouillers d’œil : 32 et 32,8 cm ; chevillures : 37,5 et 40,5 cm ; circonférence des meules : 28,3 et 28,5 cm ; circonférences des merrains : inférieures : 14,4 et 14,5 cm, supérieures : 13,4 et 13,5 cm ; envergure : 54 cm ; poids brut : 7,100 kg.

 

Marne

Un bon brocard de la plaine champenoise

Ce beau brocard dont le bois gauche, s’inscrit dans une conformation parfaire de six pointes, a été tiré à Nogent l’Abbesse par Alban Fermont, le 27 juin dernier. Les bois, assez massifs dans leur partie inférieure, mesurent 25 et 28 cm, pour une envergure de 13,5 cm. L’andouiller antérieur droit est réduit à une courte pointe, ce qui nuit à la régularité de l’ensemble du trophée. D’ailleurs, les points attribués pour l’esthétique se situent dans la moyenne. Le volume est évalué à 180 ml, pour un poids net de 437 g. La cotation finale atteint quelques 125,95 points.

 

Aisne

Grand six pointes aux bois serrés

Ce brocard aux bois très étroits (leur envergure est de 4,5 cm) cote malgré tout quelques 131,55 points, juste au-dessus du seuil du niveau or. Une cotation qu’il doit essentiellement à son volume qui atteint 217 ml, pour un poids net de 480 g. De couleur brun très clair, presque sans perlure, le trophée totalise seulement quelques 6 points de beauté. Il a été tiré sur la commune de Sainte-Preuve, un village au nord de Sissonne, par Daniel Aurens, le 15 août 2024.


La semaine en bref...

- Aisne : mardi dernier, un événement insolite a perturbé le calme d’un quartier de Laon : un sanglier s’est retrouvé coincé dans la clôture d’une maison, rue de Glatigny. Selon les premiers témoignages, l’animal, après avoir lutté pour se libérer de ce piège, était grièvement blessé. Devant l’impossibilité de le secourir sans lui infliger davantage de souffrance, la décision a été prise de l’euthanasier. Ce nouveau cas met en lumière les tensions grandissantes entre la faune sauvage qui s’aventure dans les zones péri-urbaines et urbaines, avec tous les inconvénients et risques que cela peut générer.

 

- Cher : un double anniversaire a été célébré à Brinon-sur-Sauldre : celui de Raboliot et du prix Goncourt obtenu par Maurice Genevoix en 1925. Devant la bibliothèque qui porte son nom, les habitants se sont rassemblés pour lancer un mois de festivités consacré à l’écrivain. Le maire, Lionel Pointard, et son adjoint à la culture, Patrick Migayron, ont rappelé l’engagement collectif des associations pour faire revivre cette mémoire littéraire ancrée dans l’histoire du village. Une exposition retrace le parcours de Genevoix, présentée par l’historien local Jean-Marie Geffard. L’auteur s’était installé en 1924 au Clouzioux, dans une maison de garde, après avoir traversé la Loire depuis Saint-Denis-de-l’Hôtel. C’est à Brinon qu’il découvre la Sologne, sillonne ses chemins à vélo et se lie d’amitié avec Louis Beaufils, un taxidermiste haut en couleur. Ce dernier lui confie les histoires de braconniers, dont celles de son gendre Alphonse Carré-Depardieu. Si Genevoix n’a jamais accompagné ce chasseur nocturne, ses souvenirs d’enfance et ces récits populaires nourrirent l’inspiration de Raboliot, figure emblématique de la liberté. Ce n’est qu’en 1952, lors du cinquantenaire de la musique de Brinon, que l’écrivain rencontra enfin Carré-Depardieu, concrétisant le lien entre réalité et roman.

 

- Creuse : un accident inhabituel s’est produit hier à Saint-Priest. Peu avant la mi-journée, un chasseur âgé de 38 ans a été violemment bousculé par des vaches alors qu’il traversait un champ. Selon les premiers éléments recueillis par les secours, l’homme suivait ses chiens lorsqu’il s’est retrouvé face au troupeau. Les animaux, manifestement effrayés ou protecteurs, l’auraient alors renversé au sol. Alertés vers 11h30, les sapeurs-pompiers de la Creuse sont rapidement intervenus sur place. À leur arrivée, la victime était consciente mais présentait de sérieuses blessures. Après avoir reçu les premiers soins, elle a été prise en charge par une équipe médicale du SAMU et évacuée par hélicoptère vers le CHU de Limoges pour y recevoir des soins adaptés. Une enquête a été ouverte afin de déterminer les circonstances exactes de l’incident. Ce type d’accident, rare mais potentiellement grave, rappelle les risques liés à la présence d’animaux d’élevage dans les zones rurales fréquentées par les chasseurs.

 

- Doubs : une femelle lynx a été percutée et tuée le samedi 27 septembre 2025 sur la RD 437, à proximité de Morteau, selon le centre Athénas. Cet incident porte à douze le nombre de lynx morts sur les routes de la région cette année. Et quelques jours plus tard, dans ce même secteur, un second lynx aurait été victime d’une autre collision, dans des circonstances proches, ce qui suggère un point noir routier pour ces animaux. Pour Gilles Moyne, directeur du centre, la majorité de ces accidents résulte du non-respect des vitesses : « les automobilistes roulent beaucoup trop vite, notamment les frontaliers, et cela constitue un véritable problème. De plus, les départements, choisissent de repasser les routes à une limitation de 90 km/h, ça n'arrange rien » déplore-t-il, ajoutant ce petit couplet anti-chasse : « avec la réouverture de la chasse, les lynx sont beaucoup plus mobiles et se retrouvent à traverser les routes... ». Cette stupide réflexion ne va sans doute pas inciter les conducteurs à lever le pied...

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Nouvelle étude de la FACE : la chasse et le tir représentent 180 milliards d’€ par an en Europe

Une étude universitaire de référence menée par l’Université d’Urbino – « L’impact socio-économique de la chasse, du tir sportif et des secteurs connexes en Europe » – et présentée au Parlement européen, révèle que la chasse, le tir sportif et leurs secteurs associés génèrent 180 milliards d’euros par an pour l’économie européenne et soutiennent plus de 1,1 million d’emplois dans 30 pays, dont l’ensemble des États membres de l’UE, ainsi que la Norvège, la Suisse et le Royaume-Uni. Cela représente près de 1 % du PIB européen. Lors de la présentation, l’eurodéputée Isabel Benjumea a insisté sur la nécessité pour les décideurs européens d’intégrer ces données dans leurs choix politiques. Elle a rappelé que la chasse et le tir sportif ne sont pas de simples loisirs, mais des activités profondément ancrées, aux retombées sociales et économiques considérables, qu’il faut préserver, soutenir et promouvoir. Frank Vassen, représentant de la Commission européenne, a, quant à lui, mis en avant le rôle de l’UE dans la protection de la biodiversité et des habitats naturels, rappelant qu’un environnement sain est indispensable tant pour la faune sauvage que pour les communautés humaines, chasseurs compris. La future loi européenne sur la restauration de la nature est, selon lui, une opportunité clé pour renforcer la résilience écologique et garantir des bénéfices durables aux générations futures. Enfin, le professeur Fabio Musso, auteur principal de l’étude, a expliqué que ce projet s’inscrivait dans la continuité d’un travail mené en Italie, mais avec une portée élargie à l’échelle européenne...

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Le Conseil d’Etat valide les nouvelles modalités de gestion des oiseaux migrateurs

Le juge des référés du Conseil d’État vient de rejeter les recours introduits par les associations One Voice et LPO qui demandaient la suspension de l’arrêté ministériel du 27 août 2025 encadrant la chasse de neuf espèces d’oiseaux migrateurs (cailles des blés, canards pilets, canards siffleurs, canards souchets, fuligules milouins, fuligules morillons, grives mauvis, sarcelles d’été et sarcelles d’hiver). Les associations réclamaient l’arrêt immédiat de la chasse de ces espèces ou, à défaut, la fixation de prélèvements maximum autorisés (PMA) à zéro. Le juge des référés n’a suivi aucun de ces arguments. Le juge a estimé qu’il n’y avait aucune urgence à statuer. Il a ainsi validé le cadre strict fixé par le gouvernement, qui instaure pour la première fois des Prélèvements Maximums Autorisés (PMA) pour ces espèces et un suivi en temps réel via l'application « ChassAdapt ». Cette avancée constitue une véritable garantie de transparence et d’efficacité pour le suivi des prélèvements, et prouve que la chasse française se place à l’avant-garde de la gestion durable des espèces migratrices. Cette décision salutaire reconnaît le sérieux de la démarche française. Elle consacre une gestion responsable, fondée sur la science, l’expérience de terrain et le bon sens, et non sur l'idéologie. Les chasseurs, voient ainsi leur engagement pour une chasse durable une nouvelle fois légitimé. Ce verdict inflige un sévère désaveu aux associations requérantes, qui persistent à multiplier les procédures abusives pour tenter de paralyser une activité pourtant légale. En ignorant ou en travestissant volontairement les données scientifiques disponibles, elles démontrent une fois encore qu’elles poursuivent un combat idéologique, loin de toute réalité biologique et juridique...

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Préserver la nature ou défendre les individus ? L’écologiste et l’animaliste en contraste

On confond souvent, dans le langage courant comme dans les débats publics, les termes d’« écologiste » et d’« animaliste ». Il est vrai que ces deux courants partagent certains combats, notamment lorsqu’il s’agit de dénoncer la chasse ou d’interroger la place de l’humain dans la nature. Pourtant, les fondements de leur engagement diffèrent profondément. L’écologiste se situe avant tout dans une perspective globale : son but est de préserver les écosystèmes, de maintenir les équilibres naturels et de protéger la biodiversité. Il considère la Terre comme un vaste organisme vivant où chaque espèce, y compris l’homme, s’inscrit dans un système de relations complexes. L’animal, dans cette optique, n’est pas d’abord un individu mais une pièce d’un ensemble, un maillon nécessaire au fonctionnement d’un tout. Ce qui compte, c’est la dynamique des populations, la régulation des espèces, la résilience des habitats. Un écologiste pourra donc admettre, même à contrecœur, que la chasse joue un rôle de gestion lorsqu’elle compense la disparition des prédateurs naturels ou qu’elle contribue à éviter certains déséquilibres écologiques. Sa critique de la chasse se fera sur des bases pragmatiques : menace pour des espèces vulnérables, pratiques intensives perturbant les cycles, ou encore logiques économiques qui transforment la faune en gibier. Sa position n’est donc pas une condamnation de principe, mais une vigilance sur la compatibilité de la chasse avec les équilibres qu’il entend défendre.

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L’effet de meute chez les chiens de chasse : mécanismes et risques

L’effet de meute est un phénomène éthologique observé dans de nombreuses espèces sociales, dont le chien. Bien que nos compagnons soient généralement équilibrés, obéissants et adaptés à la vie humaine, leur comportement peut se modifier de façon significative lorsqu’ils évoluent en groupe, notamment dans un contexte de chasse. Ce changement peut conduire à des conduites prédatoires exacerbées, allant jusqu’à des attaques sur des animaux domestiques, voire, plus rarement, des signes d’agressivité envers des humains. L’origine de ce phénomène réside dans l’héritage comportemental du chien, descendant direct du loup. Les canidés présentent un instinct grégaire marqué : l’individu tend à synchroniser ses actions avec celles de ses congénères. En situation de chasse collective, l’excitation émotionnelle et physiologique est renforcée par des signaux visuels (fuite d’une proie), olfactifs (odeurs de gibier) et auditifs (aboiements, vocalisations). Ces stimuli déclenchent une réponse de groupe dans laquelle les mécanismes de contrôle, acquis par l’éducation et la socialisation, deviennent transitoirement inefficaces. Bien que naturels, ils peuvent avoir des conséquences indésirables, et l’absence momentanée de contrôle humain, dans les espaces ouverts, augmente la probabilité de débordements. Il est essentiel de souligner que ce comportement ne traduit pas une « pathologie » ou une perte durable d’équilibre psychique chez le chien. Il s’agit d’un fonctionnement normal du répertoire comportemental canin, qui s’exprime sous certaines conditions. La prévention repose sur la vigilance des conducteurs de meute : rappel efficace, encadrement strict lors des lâchers, et éventuellement limitation des effectifs pour réduire la dynamique de groupe. Les travaux de Konrad Lorenz ont posé les fondements de la compréhension des instincts héréditaires (prédation, territorialité, dominance) chez les canidés. Lorenz soulignait que le chien, malgré la domestication, conserve des modules comportementaux issus de ses ancêtres loups, notamment dans des situations de forte motivation (chasse, protection, compétition).


Chambord, le roi manqué au drapeau blanc

Chambord, ce domaine royal de chasse édifié par François Ier, échappa de peu à celui qui en portait le nom, et rêvait de s’y installer en roi. Henri d’Artois, comte de Chambord, héritier des Bourbons, aurait pu coiffer la couronne de France au crépuscule du Second Empire. Mais le sacre lui échappa comme une bête trop longtemps traquée : à force de guetter le moment décisif, il refusa le compromis qui l’aurait fait monter sur le trône. Né en 1820, petit-fils de Charles X, Henri d’Artois grandit dans l’ombre de l’exil, mais sans renoncer à son retour au pays. Il observait la France comme un veneur guette la forêt, élaborant son plan de retour : une monarchie débarrassée de l’arbitraire, respectueuse des libertés individuelles et religieuses, appuyée sur une administration décentralisée. La défaite de Sedan et la chute du Second Empire en 1870 offraient enfin au prétendant l’occasion de revenir au premier rang. L’Assemblée, issue des élections de février 1871, était majoritairement monarchiste. Le terrain était prêt, la battue organisée, le gibier politique presque acculé. Mais comme dans toute chasse, même royale, une règle, un détail, peut faire manquer le coup décisif. Ce détail, ce fut un drapeau. Henri d’Artois, fidèle à son honneur comme un veneur à sa meute, refusait obstinément de renoncer au drapeau blanc des Bourbons, symbole de son lignage et des chasses glorieuses de ses ancêtres. Pour lui, le tricolore n’était que l’étendard de la Révolution. Dans son manifeste de juillet 1871, il s’exclama : « Je suis prêt à tout pour relever mon pays de ses ruines […] le seul sacrifice que je ne puis lui faire, c’est celui de mon honneur. Je ne laisserai pas arracher de mes mains l’étendard d’Henri IV, de François Ier et de Jeanne d’Arc. Il a flotté sur mon berceau, je veux qu’il ombrage ma tombe... ». Comme un chasseur préférant s’abstenir de tirer plutôt que de prendre le risque de blesser, Henri d’Artois choisit l’honneur au détriment de l’efficacité politique. Même lorsque légitimistes et orléanistes parvinrent à s’entendre en 1873, ouvrant la voie à une restauration monarchique, il resta campé sur son refus. Ni les députés, ni le pape Pie IX, ni les nécessités du moment ne purent l’ébranler. Cette fidélité au drapeau blanc fut sa grandeur autant que sa perte. Le titre lui échappa, et la 3e République s’enracina pour soixante-dix ans. Henri d’Artois, chasseur inflexible, resta jusqu’à sa mort, en 1883, ce « roi sans couronne », fidèle à son étendard comme à une proie idéale qu’il ne voulut jamais abattre au prix d’un compromis.


Dégâts de gibier : les agriculteurs sont-ils victimes ou complices ?

La polémique enfle entre chasseurs et agriculteurs autour d’un sujet aussi sensible qu’ancien : les dégâts causés par les sangliers. Les surfaces agricoles, notamment les pois, les céréales en lait, les maïs et les prairies, subissent chaque année des dommages considérables, évalués à plusieurs dizaines de millions d’euros à l’échelle nationale. Ce sont les fédérations départementales de chasseurs (FDC) qui indemnisent les exploitants, financées par les cotisations des chasseurs et, parfois, de subventions publiques. Mais face à la persistance du problème et au coût croissant des indemnisations, la FNC a récemment proposé une piste explosive : demander une participation financière directe aux agriculteurs. Cette idée, portée par Willy Schraen, président de la FNC, a immédiatement suscité un tollé au sein du monde agricole. Pour Grégory Nivelle, président de la Commission « Faune sauvage » de la FNSEA, le raisonnement est inacceptable. « Il ne faut pas inverser le problème », prévient-il. À ses yeux, faire contribuer les agriculteurs reviendrait à considérer qu’ils sont, d’une certaine manière, responsables des dégâts. Or, selon lui, ils en sont avant tout les victimes. Cependant, les chasseurs avancent un argument récurrent : en cultivant massivement du maïs, culture particulièrement appréciée des sangliers, les agriculteurs favoriseraient indirectement leur concentration et leur prolifération. La présence de « cultures appétentes » constituerait donc une forme de complicité involontaire...

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Laurence Parisot prend la tête de la Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences

La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences (LFDA) vient d’annoncer la nomination de Laurence Parisot à sa présidence, en succession de Louis Schweitzer. Une étape importante pour cette institution qui milite depuis plus de 40 ans en faveur de la reconnaissance des droits des animaux et d’une meilleure prise en compte de leur condition dans la société. Laurence Parisot est loin d’être une inconnue. Femme de pouvoir et de réseaux, elle s’est imposée dans le paysage économique français en dirigeant l’Ifop pendant plus de vingt-cinq ans (1990-2016), puis en devenant la première femme à la tête du Medef, de 2005 à 2013. Aujourd’hui présidente de Citi pour la France, elle continue de jouer un rôle majeur dans les cercles de décision. Mais au-delà de son profil d’économiste et de dirigeante d’entreprise, elle s’est toujours affirmée comme une femme de convictions. Son engagement en faveur des animaux n’est pas récent : vice-présidente de la Fondation Brigitte Bardot jusqu’en 2019, elle a ensuite rejoint la LFDA dont elle est devenue vice-présidente en 2020. Son parcours illustre la constance d’un engagement qu’elle souhaite désormais porter à une autre échelle, en associant son influence et son expérience au service d’une cause qui, selon elle, « n’est plus périphérique mais centrale dans nos sociétés modernes ». En prenant la présidence de la LFDA, Laurence Parisot entend donner une nouvelle impulsion. « La cause animale n’est pas un sujet secondaire. L’opinion publique l’a compris, seuls les responsables politiques la négligent. Nous ne pouvons prétendre défendre justice et bienveillance tout en refusant aux animaux le droit de vivre et de ne pas souffrir », affirme-t-elle. Et de lancer un appel direct au Premier ministre Sébastien Lecornu : « Au nom de la LFDA, je demande la nomination d’un(e) ministre en charge de la Condition animale...».


La psychologie du chasseur : quand l’instinct prédateur prend le pas sur la vigilance

Le sujet est d’importance, ce qui nous fait revenir sur cette déclaration du porte-parole des chasseurs de la Somme, qui, à l’orée de cette nouvelle saison cynégétique, déclarait : « la sécurité est suffisante ». À l’appui de son discours, des chiffres rassurants : l’an dernier, aucun incident n’a été recensé dans son département. Les vingt mille pratiquants sont soumis à des règles précises, participent à des échanges réguliers avec les riverains et dialoguent avec les associations de randonneurs ou de joggeurs. Sur le papier, la cohabitation semble équilibrée, presque exemplaire. Mais au-delà du règlement, demeure une zone grise rarement évoquée : la psychologie du chasseur au moment précis où il devient prédateur. Un tir de chasse n’est pas seulement un geste technique. C’est l’aboutissement d’un processus mental qui plonge le pratiquant dans une forme de tunnel perceptif. Lorsque l’animal surgit, le corps du chasseur se tend, ses sens se focalisent, son attention se resserre comme un faisceau lumineux. Cet état, que les psychologues rapprochent du « flow », décrit dans d’autres pratiques sportives, active une part archaïque de l’humain : l’instinct de prédation. La proie n’est plus un élément parmi d’autres du paysage, elle devient le centre unique de l’univers perceptif. Tout ce qui gravite autour, bruit de pas, mouvement dans les fourrés, un randonneur qui s’approche... peut être momentanément effacé de la conscience. Cette focalisation, en apparence banale et même nécessaire pour viser avec précision, comporte un revers. Elle induit une perte partielle de vigilance. Les chasseurs eux-mêmes le décrivent : à l’instant où l’animal surgit, « on ne voit plus que lui ». Ce phénomène psychologique, documenté en neurosciences, s’appelle l’exclusion attentionnelle. Le cerveau, saturé par la tâche prioritaire, relègue au second plan toutes les informations concurrentes. Ce mécanisme est un atout pour la survie lorsqu’il s’agit de traquer une proie dans un environnement hostile. Mais transposé dans nos campagnes modernes, où la nature est partagée par joggeurs, photographes, promeneurs et agriculteurs, il devient une source de risque...

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