L’association Animal Cross a jeté un pavé dans la mare : elle dénonce de façon virulente les « maladies raciales d’origine héréditaire » chez les chiens de race, attribuées à une sélection plus esthétique que sanitaire. Selon elle, dans les dix races les plus répandues en France, 46 % des chiens seraient porteurs d’au moins une maladie génétiquement testable, et 5 % en seraient malades sans contrôle systématique. Concrètement, certains troubles sont monogéniques, par exemple certaines dégénérescences rétiniennes ou des mutations du gène MDR1, et d’autres liés aux hypertypes (traits morphologiques extrêmes) comme le syndrome obstructif des races brachycéphales (SORB). Face à ces chiffres, l’association réclame des mesures sévères : interdiction de reproduction pour chiens malades ou porteurs, tests obligatoires pour tout reproducteur, modification des standards de race… De l’autre côté, la Société centrale canine (SCC), représentée par son président Alexandre Balzer, ne conteste pas l’ampleur du problème mais conteste la méthode. La SCC rappelle que le nombre de tests génétiques rapportés au LOF est passé d’environ 10 000 en 2019 à 46 000 en 2024. Elle souligne aussi que la classification en « maladies suivies » permet de viser un dépistage de 30 % des chiens confirmés, objectif désormais atteint à 52 % pour la période 2023-2024. Mais Animal Cross réplique que ces données ne concernent que les élevages « vertueux » qui pratiquent volontairement les tests et ne reflètent pas l’ensemble de la filière. Le débat se cristallise donc sur : jusqu’où la sélection de race peut-elle être tolérée quand elle porte atteinte à la santé ? Ce qui est clair : le cadre légal existe puisque l’article R.214-23 du Code rural interdit la sélection d’animaux sur des critères « susceptibles de compromettre leur santé ou leur bien-être ».