Le cadre méthodologique, reposant sur le réseau multi-partenarial « loup-lynx » coordonné par l’OFB, est scruté de près en raison du caractère explosif du sujet. Les éleveurs dénoncent de longue date une sous-estimation des effectifs et réclament une hausse du quota d’abattage, actuellement fixé à 19 % (+2 %) de la population estimée. La publication des chiffres 2025 n’a pas apaisé les tensions, alors que les attaques de troupeaux continuent d’alimenter leur colère. Dans ce contexte, l’objectif du projet d’arrêté est d’adapter les règles nationales aux nouveaux outils juridiques européens : maintenir le loup comme espèce protégée, tout en assouplissant les modalités d’intervention en cas de prédation. Le texte distingue plusieurs régimes de tirs selon les zones de prédation (cercles 0 à 3), les types de troupeaux et la présence ou non de mesures de protection. Dans les cercles 0 à 2, les destructions pourront être effectuées sur simple déclaration, tandis que le cercle 3 nécessitera une autorisation individuelle. À compter de 2026, les « tirs de défense » seront simplifiés dans les zones les plus exposées : le régime d’autorisation dérogatoire disparaît au profit d’un système déclaratif. Un éleveur pourra désormais, ou pourra mandater un chasseur, pour abattre un loup au moment d’une attaque sur un troupeau ovin ou caprin sans avoir à solliciter une autorisation préalable, la déclaration se faisant après le tir. Le gouvernement rappelle toutefois que seuls les tirs strictement associés à une attaque seront légaux : en dehors de ce cadre, tuer un loup restera passible de trois ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende. Ces évolutions, tout en répondant en partie aux demandes du monde pastoral, suscitent une forte opposition des organisations de protection de la nature. Six d’entre elles accusent l’État d’ouvrir « une chasse aux loups » et de permettre une « destruction tous azimuts » sous couvert de simplification administrative. À l’inverse, une partie des éleveurs estime encore ces mesures insuffisantes face à l’augmentation des attaques et demande un relèvement du plafond de destruction. Enfin, le texte précise le rôle opérationnel accru des préfets : suivi des taux de prélèvement par massif, suspension éventuelle des autorisations en cas de dépassement prévisible du plafond, encadrement des équipes spécialisées mobilisées pour les tirs de prélèvement renforcés. Il encadre aussi les modalités concrètes des interventions, qu’il s’agisse des zones habilitées, des protocoles de sécurité ou des responsabilités des acteurs. La consultation publique doit désormais permettre d’ajuster ce nouveau cadre de gestion, dans un contexte où la coexistence entre pastoralisme et grand prédateur reste l’un des sujets les plus sensibles de la politique de biodiversité française.