Pour s’en convaincre, il suffit d’observer un animal quand il reçoit une balle. S’il est déjà en mouvement, il culbute en général dans le sens de la course. S’il est immobile au moment de l’impact, il s’affaisse le plus souvent sur lui-même, mais n’est jamais projeté violemment dans la direction du tir, contrairement à ce que l’on peut voir parfois sur certains écrans de cinéma ou de télévision. On peut encore se référer à l’expérience du pendule balistique dont la masse doit être, ni trop grande pour pouvoir être déplacée, ni trop petite pour ne pas effectuer un tour complet lorsque la balle vient la heurter. Alors, la quantité de mouvement peut-elle servir d’élément d’appréciation de la létalité d’un tir ? Non, car son influence apparaît comme négligeable sur le grand gibier. De même, l’effet physiologique d’origine nerveuse qui lui est parfois attribué, peut être difficilement mis en évidence. Il reste donc la véritable puissance destructrice imputable au seul transfert d’énergie entre les projectiles en mouvement et les organes touchés.
Dans ces conditions, il est clair que l’on n’a aucun avantage à privilégier la quantité de mouvement au détriment de l’énergie de transfert, car ce sont les projectiles à haute vitesse énergétique qui ont, finalement, le pouvoir vulnérant le plus important. C’est pourquoi, les fabricants de munitions considèrent unanimement que l’énergie cinétique reste un critère de sélection suffisant, et la font figurer sur leurs tables de tir à l’usage des chasseurs. Pour un calibre donné, l’effet de neutralisation ne sera donc pas le même, selon que l’on tire sur un chevreuil ou un fort sanglier. Par ailleurs, pour conserver un maximum d’énergie cinétique, il ne faudrait tirer que dans des limites raisonnables. Enfin, pour pouvoir juger objectivement de l’efficacité réelle d’un projectile, encore faudrait-il toujours essayer d’atteindre la zone dite « létale ». Pour toutes ces bonnes raisons, la quantité de mouvement des projectiles n’est pas une donnée balistique directement exploitable et, une valeur élevée, ne constitue pas une preuve de leur efficacité destructive. Il en résulte que, pour les chasseurs les moins avertis en matière de science balistique, l’introduction de la notion même de quantité de mouvement, bien qu’elle soit couramment mise en avant dans certaines revues consacrées à la chasse, ne peut donc que compliquer inutilement les critères de choix des munitions, d’ailleurs déjà suffisamment nombreux.
Le double aspect de l’effet meurtrier des projectiles
ACCUEIL
>
LE TIR DE CHASSE >
Le double aspect de l’effet meurtrier des projectiles