Rejet des syndicat agricoles

Les syndicats agricoles, eux, rejettent cette logique. Certes, les choix agronomiques influencent l’environnement, mais ils répondent avant tout à des besoins économiques et alimentaires. Demander aux exploitants de renoncer à ces cultures ou, pire, de payer pour les dégâts qu’elles engendrent, reviendrait à les pénaliser doublement. Le débat met donc en lumière une question plus large : la gestion des équilibres entre agriculture et faune sauvage. La surpopulation de sangliers ne résulte pas uniquement de la disponibilité de nourriture. Elle est aussi liée à une régulation jugée insuffisante, à des pratiques de chasse parfois sélectives, et à la capacité d’adaptation exceptionnelle des bêtes noires. La FNSEA se veut claire : les agriculteurs ne peuvent être considérés ni comme auteurs, ni comme complices, mais bel et bien comme victimes d’un déséquilibre dont ils subissent les conséquences. Pour Grégory Nivelle, la priorité doit être de « s’attaquer aux causes du problème », à commencer par la régulation des populations de sangliers. Cela suppose d’intensifier les prélèvements, de revoir certaines pratiques cynégétiques et de renforcer la coopération entre chasseurs et monde agricole. Les chasseurs, de leur côté, rappellent qu’ils ne peuvent pas tout. La régulation est une tâche complexe, chronophage et coûteuse. La pression sociale contre certaines formes de chasse, la raréfaction des pratiquants et la demande croissante d’espaces naturels « sanctuarisés » compliquent encore leur mission.

 

Vers un nécessaire compromis

Au cœur de cette querelle, une évidence demeure : les dégâts de gibier ne disparaîtront pas par décret. Ils nécessitent une action coordonnée entre tous les acteurs du territoire. Mais la solution proposée par la FNC de faire payer les agriculteurs, ressemble davantage à un transfert de charge qu’à une réponse structurelle. Les syndicats agricoles, à commencer par la FNSEA, y voient une ligne rouge. La question reste donc posée : comment trouver un équilibre entre le maintien d’une activité cynégétique, la protection de la biodiversité et la sauvegarde économique des exploitations ? À ce stade, une certitude : considérer les agriculteurs comme responsables de leur propre préjudice ne ferait qu’envenimer un conflit déjà profondément enraciné.