Véritable atteinte à l’éthique pour les uns, mal nécessaire pour les autres, le tir des jeunes sangliers déchaîne toujours les passions. Cela tient à l’interprétation, depuis 1972, d’un article du code rural qui stipulait que : « Afin de favoriser la protection et le repeuplement du gibier, le préfet peut, dans l’arrêté annuel, pour une ou plusieurs espèces de gibier, interdire l’exercice de la chasse de ces espèces ou d’une catégorie de spécimens de ces espèces en vue de la reconstitution des populations… ». Mais… les conditions ont bien changé, et il n’y a pas que chez les sangliers que le tir des jeunes est pratiqué. Il se fait, sans arrière-pensée, chez les grands cervidés et les chevreuils. En revanche, chez le sanglier… C’est pourtant la classe d’âge la plus nombreuse, puisque, à chaque portée, une laie peut donner naissance jusqu’à huit marcassins, exceptionnellement plus, mais dans ce cas les chances de survie des moins dégourdis sont quasiment nulles. Lorsque les naissances interviennent normalement en mars et avril, cycle normal des animaux adultes, les jeunes ont perdu leur livrée striée avant le début de la saison de chasse. Cependant, pour de multiples raisons, on voit désormais des naissances s’échelonner tout au long de l’année, y compris pendant l’automne et l’hiver. Ce sont principalement des portées de jeunes laies, dont les premières chaleurs peuvent se déclencher dès qu’elles arrivent à 7 ou 8 mois d’âge, ou des portées de remplacement chez des laies adultes qui ont perdu accidentellement la totalité des naissances précédentes. Dès lors que les jeunes constituent la classe d’âge la plus importante au sein d’une population de sangliers, la réduction de leur nombre devient indispensable… Le tir des jeunes peut donc, ou devrait intervenir dès l’ouverture anticipée, à partir de début juin dans la plupart des départements. Pratiqué à l’approche ou à l’affût, ce type de régulation ne vise pas à réduire d’une façon drastique les populations, mais à inciter les animaux à quitter des lieux au moment où ils pourraient commettre des dégâts conséquents sur les céréales en mûrissement. Le tir d’un jeune, à cette période de l’année, présente l’avantage de protéger les laies, tout en leur envoyant un message de dissuasion. Outre le fait de réduire de quelques petites têtes, le nombre d’animaux présents sur le terrain, l’élimination d’une petite bête rousse agit sur la psychologie des femelles. Le problème est que, dans une phase de croissance normale, ces animaux, en juin, pèsent moins d’une vingtaine de kilos, et de ce fait, les chasseurs rechignent souvent à les tirer, surtout s’il faut leur apposer un bracelet de marquage dont le prix n’est pas anodin. Cependant, il est important de rappeler que ces tirs ont un objectif qui se résume essentiellement à la protection des cultures et au maintien des bonnes relations avec les agriculteurs.
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