Le petit journal de deux indissociables : la chasse et l'environnement

Le rythme nycthéméral

Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas la pleine lune qui déclenche le brame du cerf, mais l’état physiologique des biches, lui-même influencé par l’état hormonal qui dépend de la photopériode, de l’alimentation et du climat. Pour certains spécialistes des grands cervidés, la température semble jouer sur la précocité des dates du rut, entrainant ainsi des naissances plus précoces. Cependant, comme les nuits claires et étoilées coïncident avec un temps anticyclonique calme et frais, elles favorisent les activités nocturnes des animaux à découvert, donc une meilleure observation… des animaux par l’homme, mais aussi de l’homme par les animaux. On constate également que c’est la pleine lune qui a le plus d’influence sur le gibier, via le cycle de la mélatonine. Cette molécule, appelée également hormone du sommeil, est synthétisée surtout la nuit. Elle a une fonction de régulation des rythmes chrono-biologiques, et contrôle de nombreuses sécrétions hormonales chez tous les mammifères. Elle est sécrétée par la glande pinéale (dans le cerveau) en réponse à l’absence de lumière. De nombreux animaux utilisent la variation de la durée de la production de mélatonine comme repères biologiques de la saison. Cela a amené certains scientifiques à penser que le rythme nycthéméral (alternance d’un jour et d’une nuit correspondant à un cycle biologique de 24 heures) pouvait, chez les animaux, comme pour l’homme d’ailleurs, être modifié durant les phases de lune, en fonction de la quantité de lumière disponible. Quant à la mélatonine, (synthétisée N-acétyl-5-méthoxytryptamine), c’est un produit vétérinaire qui permet, toute l’année, de déclencher le processus de reproduction chez des mammifères d’élevage (chèvres, porcs…). Dans la nature, certains aliments en contiennent beaucoup, facilement absorbable par l’organisme. C’est notamment le cas des noix et des noisettes, mais aussi, dans des proportions moins importantes, du maïs… Comme ce taux de mélatonine est, chez les laies, le plus faible en été, il serait intéressant de connaître l’influence de la consommation excessive de maïs à cette époque, et de mesurer l’augmentation « artificielle » du taux de cette hormone, avec ses conséquences sur la reproduction. Il faut ajouter que cette molécule joue également un rôle sur l’augmentation de l’appétit, et par effet secondaire, la prise de poids. Et comme une jeune laie atteint la maturité sexuelle en fonction de son poids…


Féminicides et armes de chasse

Mercredi dernier, 4 septembre 2024, se tenait l’audience opposant l’écologiste Sandrine Rousseau à la FNC, qui accuse l’élue de « dénigrement » et d’« atteinte aux intérêts moraux et aux droits fondamentaux des chasseurs ». En cause, des propos tenus par Sandrine Rousseau le 22 février 2022 lors d’une interview sur France 2, où la parlementaire avait notamment déclaré que : « Ça n’est pas un loisir que d’aller tuer des animaux le week-end avec des fusils… Et le reste de la semaine, on peut aussi le braquer contre sa femme. On a vu que 1 féminicide sur 4 est lié à des armes de chasse… ». Au titre du « préjudice moral », la FNC lui réclame 9 887,94 euros de dommages et intérêts (soit un centime d’euro par détenteur de permis de chasse validé en 2022). Me Nicolas Benoit, conseil de la FNC, a rappelé au tribunal l’étude de la délégation interministérielle aux victimes, qui établit que : « 35 % des féminicides ont pour mode opératoire les armes à feu, mais elles ne sont pas toutes nécessairement des armes de chasse », accusant Sandrine Rousseau d’avoir sciemment « stigmatisé les chasseurs et d’en faire des assassins en puissance…». La décision du tribunal (qui, en mars 2023, avait rejeté la demande de nullité et d’irrecevabilité de l’assignation formulée par l’écologiste Sandrine Rousseau) a été mise en délibéré au 30 octobre.


Journée mondiale des limicoles

Célébrée tous les ans le 6 septembre, la « Journée Mondiale des Oiseaux Limicoles » (petits échassiers de l'ordre des Charadriiformes) invite les ornithologues amateurs et expérimentés du monde entier à participer au recensement international de ces oiseaux. Près de 50 % des espèces sont en déclin, et leur habitat naturel, principalement les zones humides de l’intérieur des terres et du littoral, est en train de disparaître. Le comptage international des limicoles a donc pour but de mieux connaître ces oiseaux, qui seront, du 20 au 24 septembre 2024, au cœur du colloque du « Wader Study Group ». Il rassemblera à PlanetOcéan à Montpellier, des scientifiques du monde entier qui travaillent sur la connaissance et la conservation des oiseaux limicoles, afin de :

- partager les dernières connaissances sur ces espèces et échanger sur différents thèmes liés,

- renforcer le réseau international d'experts,

- aider à la prise de décision basées sur des études scientifiques.

Dès le vendredi 20, pré-conférence en français par des scientifiques internationaux reconnus. L’évènement est coorganisé avec le Cefe/CNRS et le CEN Occitanie. Il a pour objectif de permettre à des personnes ne parlant pas ou peu anglais de pouvoir échanger sur ces sujets ornithologiques. Ensuite, du samedi 21 au lundi 23, ce sera 3 jours de présentations et d'échanges :

- présentations scientifiques (orales et posters)

- assemblée générale du WSG

- gestion des limicoles et de leur environnement dans le contexte de changement global.

Enfin pour terminer le mardi 24, visites de terrain en trois excursions commentées.


Tir longue distance : bien connaitre ses propres limites

Les balles tirées par les armes modernes ont la capacité d'atteindre des cibles à longue portée. Mais indépendamment de ces capacités, la majorité des chasseurs respectent le principe de ne pas tirer quand la distance qui les sépare du gibier leur semble trop éloignée. Les autres se laissent tenter par des arguments commerciaux fallacieux, ou s’assoient sur l’éthique, ce qui est dramatique pour la chasse. Certes, il n’y a rien d’illégal, mais ces tirs de « longue portée » ne peuvent être uniquement définis par des distances spécifiques, car elles varient selon chaque individu, en fonction de l'équipement, des conditions de tir, de l'espèce chassée, de l'expérience du chasseur et de ses compétences en tir. Mais cela dépend aussi de l’engagement moral de chaque chasseur responsable, à éviter d’infliger des souffrances inutiles, à tuer rapidement et sans cruauté, et à faire tout son possible pour ne jamais dilapider les animaux poursuivis comme proie légale. Il est largement reconnu que la probabilité de blessure, et les défis liés à la récupération des animaux blessés, augmentent proportionnellement avec l’augmentation des distances de tir. Si l’on veut avoir l’honneur de vaincre l’instinct de survie de la proie convoitée, il faut accepter le risque de l’échec. Il s’agit d’un compromis, auto-imposé, qui améliore l’expérience de la chasse et le respect de l’animal chassé.


Les fleurs de lys

Selon les régions, où elles sont assimilées à des bijoux précieux, on les appelle « crochets », « coins » ou « fleurs de lys ». Ce sont les deux seules canines du cerf, qui témoignent de la longue évolution de notre grand cervidé. Ces deux dents sont très prisées par les chasseurs qui les destinent à orner des accessoires originaux, et qui les trouvent, de façon irrégulière, aussi bien chez le cerf que chez la biche. Ces canines des grands cervidés sont situées sur le segment normalement dépourvu de dents, localisé à l’avant de la mâchoire supérieure. N’ayant pas de dents directement opposées, elles s’usent donc très peu, et leur inutilité fonctionnelle fait qu’elles sont ancrées sur la mâchoire par des racines très courtes. Les fleurs de lys s’enlèvent d’ailleurs assez facilement avec la seule pointe d’un couteau. Cette relative insignifiance n’a pas toujours été le cas, car il y a fort longtemps, les grands cervidés portaient des canines bien plus longues, en témoignent les peintures qui illustrent « Le livre de la Chasse » de Gaston Phébus, écrit en 1389. Sur une peinture baptisée « Le brame », un valet caché derrière un arbre observe une harde composée de quatre cerfs et six biches. Sur au moins trois animaux, le peintre a représenté des canines qui dépassent très largement de la partie arrière de la bouche de chaque animal. Si l’échelle a été respectée, ces dents mesuraient au moins cinq centimètres, alors qu’actuellement, elles mesurent entre un et deux centimètres, pas plus. C’est l’action de la salive qui contribue à polir les canines, ce qui leur donne une patine très fine et un éclat des plus brillants. Cette particularité a rapidement intéressé les joailliers qui ont fait, et continuent à faire preuve d’une très grande imagination, quant à l’utilisation de ces « fleurs de lys ».


Chiens de pied

La chasse du sanglier a pris une telle ampleur dans le paysage cynégétique français que les « chiens de pied » se négocient parfois à des niveaux de prix jamais atteints. Ces chiens ont la tâche de démêler les voies de la nuit, travail exigeant qui ne peut être réalisé que par un véritable spécialiste. Il n’est pas rare d’assimiler le chien de pied au rapprocheur, ce qui n’est pas entièrement faux, car dans la pratique, les deux sont souvent employés. Mais, selon la définition, il existe une différence essentielle entre eux. Le chien de pied est, en principe, mené à la longe et l’on exige de lui qu’il ne se récrie pas sur la piste qu’il travaille en complémentarité avec son conducteur. Il doit donc être parfaitement créancé et savoir indiquer le sens de la voie… qui mènera plus tard, lors de l’attaque, les rapprocheurs où sont remisés les animaux. Ce travail exige de grandes qualités naturelles et une éducation hors pair. Premier intervenant de la journée, le chien de pied devra d’abord trouver une voie, ceci avec l’aide de son conducteur, puis la « travailler » pour la remonter sur une distance suffisamment longue afin d’être sûr que les sangliers ont bien fuité dans la direction, mais aussi courte que possible pour ne pas risquer de mettre les animaux en fuite au cas où ils seraient remisés à proximité. Ensuite, le binôme conducteur/chien effectuera le tour de l’enceinte afin de s’assurer que les bêtes noires n’en sont pas sorties…

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La pression du gibier sur la forêt

Le sujet fait régulièrement débat, surtout au moment de l’ouverture générale de la chasse du grand gibier, car les forestiers et les chasseurs posent deux regards différents sur l’environnement forestier. Il y a donc nécessité de s’accorder sur les éléments d’estimation des dégâts, afin de « parler le même langage ». L’objectif est, d’une part de préserver l’avenir de la forêt (semis et plants), et d’autre part la faune sauvage qu’elle abrite. Il apparait alors nécessaire que le meilleur compromis soit trouvé entre les deux parties. Pour les forestiers, les indices de consommation par le gibier, qui sont recherchés prioritairement sur les semis ou les plants, ont une importance capitale, car c’est l’avenir et la pérennité de la forêt qui sont en jeu. Les futurs arbres doivent être en nombre suffisant, et posséder une bonne conformation. Les abroutissements, les frottis et la mise à nu des racines peuvent, par leur intensité, compromettre leur développement normal, voire provoquer leur disparition. De la notion d’indice de présence d’animaux, on passe donc à celle de dégâts forestiers, qui seront quantifiés par un diagnostic. Il existe différentes méthodes pour évaluer cette intensité, mais toutes reposent sur un échantillonnage statistique permettant de mesurer un taux de dégâts. Les chasseurs peuvent être invités à participer, avec le forestier, à la réalisation de ces relevés, en parcourant la totalité de la parcelle, mais excluant les lisières, lieux d’alimentation privilégiés des animaux. L’observation se limitera sur les semis et/ou plants ayant un intérêt recherché par le forestier. Selon les essences majoritaires, aux 100 ha, une forêt pourra supporter de 2,5 à 4,5 grands cervidés et de 4 à 8 petits cervidés.


Les changements environnementaux dépassent les taux d’adaptation évolutive des forêts

Si le bagage génétique détermine, en partie, la capacité de la forêt à s’adapter à un environnement changeant, il en va de même pour les nombreux types de modifications épigénétiques, qui se produisent entre elles, et qui varient sur des échelles de temps beaucoup plus rapidement que l’émergence de nouveaux allèles bénéfiques. Dans les populations d’arbres à longue durée de vie, lorsque les changements environnementaux dépassent les taux d’adaptation évolutive, la plasticité des traits liés à la tolérance au stress, à la dormance, et à la dispersion, peut être vitale pour prévenir l’extinction. En conséquence, la plasticité phénotypique induite par la modification épigénétique peut être particulièrement critique pour les organismes sessiles à longue durée de vie, tels que les arbres, qui doivent compter sur cette plasticité pour suivre le rythme des changements environnementaux anthropiques rapides. Des études ont fait état d’effets importants de la méthylation de l’ADN, mais on sait peu de choses sur leur rôle dans les plantes non modèles, et en particulier chez les arbres. Cependant, des découvertes en épigénétique végétale, en particulier celles qui concernent la capacité des arbres à s'adapter, ou à échapper aux facteurs de stress associés au changement climatique rapide, offrent une voie prometteuse vers la compréhension des réponses des arbres au changement du climat.


Le loup présent dans 83 départements français

Selon la Fédération nationale ovine (FNO) le loup est désormais présent dans plus de 80 départements français. Autant dire qu’il est partout, ce qui inquiète encore plus les éleveurs. Alimentée régulièrement par des constats d’attaques de troupeaux, ovins et bovins, en montagne principalement, cette présence suscite le doute quant au nombre de loups annoncés par les autorités. Alors que les estimations sont loin d’être précises pour les espèces qui ne font qu’un petit par an, les grands cervidés par exemple, la fiabilité des comptages, pour les loups, relèvent pour les éleveurs qui sont tous les jours sur le terrain, de la plus grande fantaisie. Claude Font, secrétaire général de la FNO a déclaré : « Au total, ce sont 83 départements qui ont sollicité les services de l’État pour mettre en place des mesures de protection des troupeaux contre le loup, c’est-à-dire la présence de bergers, de parcs nocturnes électrifiés et de chiens patous. Dans 60 départements, il y a eu des actes de prédation du canidé attestés par des constats de l’OFB ». Mais cela n’empêche pas l’association France Nature Environnement, de déclarer le loup en danger de survie en France. Quant à l’indispensable utilité du prédateur, vantée par ceux qui n’en ont sans doute jamais vu en liberté, elle questionne ainsi : comment avons-nous pu vivre sans loup pendant presque un siècle ?


Le taux de reproduction des bichettes

Méconnu, donc peu utilisé, le taux de reproduction des bichettes est pourtant un indicateur très révélateur de l’état d’une population de grands cervidés. Les différentes études menées sur l’espèce cerf ont montré que, dès qu’elles atteignent un poids d'une cinquantaine de kilos, les jeunes femelles peuvent être saillies et devenir gestantes. On comprend donc la relation étroite qui existe entre cette capacité d’entrer en gestation, et la qualité de leur alimentation. Si cette dernière est riche et abondante, les femelles atteignent le poids nécessaire dans leur deuxième année, plus précisément vers l’âge d’un an et demi, au moment du rut automnal. Cela signifie donc que plus le nombre de bichettes gestantes est important, mieux se porte la population. Il a été clairement établi que, lors de l’occupation d’un nouveau territoire, ce taux de reproduction des bichettes peut atteindre 60% de cette classe d’âge de femelles…A contrario, ce taux va diminuer au fur et à mesure que la population s’approche de la capacité d’accueil maximum du territoire, et chuter pour devenir inférieur à 30%. Ce seuil doit alerter le gestionnaire, quant au sureffectif probable de la population concernée. Pour étayer l’ensemble des observations, le taux de reproduction des bichettes peut être corrélé avec le poids et la longueur de la patte arrière des jeunes, puisque ces trois indicateurs évoluent dans le même sens, à savoir une baisse significative dès que les effectifs augmentent. Cependant, tout n’est pas si simple, car il a un élément très difficile à mesurer : le temps que vont mettre ces bio indicateurs à réagir, par rapport à l’évolution d’une population. Faut-il un an, deux ans ou davantage ? Dans certains cas, le facteur économique pourra prendre de vitesse la biologie, car les forestiers et les agriculteurs auront la volonté d’intervenir avant que ce taux d’évolution ait été correctement évalué. Mais il y a là un outil mis à la disposition des chasseurs, intéressant pour mesurer l’état d’une population de grands cervidés.


Fête de la Sange 2024 à Sully sur Loire

Le week-end prochain, du 6 au 8 septembre, tous les passionnés, les amateurs et les familles se retrouveront dans le parc du château, à Sully sur Loire, pour la 27ème édition de la Fête de la Sange. Ce salon de la chasse, de la pêche, de la nature, de l’environnement, de la gastronomie et du patrimoine est devenu un évènement incontournable de la région Centre, dont la notoriété grandit au rythme de la qualité des animations proposées. En 2023, les festivités ont attiré 27 000 visiteurs, un record que les organisateurs envisagent de battre. La Fête de la Sange fera honneur, cette année, au Portugal. La culture, les traditions et la gastronomie de ce pays seront mises en avant, soutenues par les 4 groupes folkloriques et tambours portugais qui seront présents. Dès le vendredi matin, à partir de 9 heures, les visiteurs pourront profiter du village chasse et pêche, mais aussi du village pour enfants. Cette première journée se terminera par un concert donné par les « Mauvais garçons » du Loiret, en soirée. L’entrée sera gratuite. Pour le reste du week-end, l’entrée est au tarif de 7 euros, ce qui donnera le droit de profiter du concert du groupe celtique rock « Whiskey in the Jar ». D’autres animations auront lieu comme le lâcher de pigeons voyageurs, les démonstrations d’équipages de vènerie ou encore les démonstrations de chiens de troupeau. Le dimanche, un vide-grenier avec plus de 200 exposants attendus, aura lieu entre l’allée de Tilleuls et la place Henri-IV. La fête de la Sange est réalisée avec le soutien de la municipalité de Sully sur Loire, la communauté de communes du Val de Sully, le département du Loiret, la région Centre Val de Loire, la fédération de Pêche du Loiret, la fédération des chasseurs du Loiret, la centrale nucléaire de Dampierre en Burly, le groupe Basty automobiles et tous les autres annonceurs.