Au cœur des montagnes majestueuses de l’Altaï mongol, dans la province de Bayan-Ölgii, se perpétue l’une des traditions nomades les plus impressionnantes : la chasse à l’aigle royal. Les Kazakhs de ces steppes, semi-nomades et profondément attachés à leurs racines, entraînent depuis des générations leurs oiseaux, de préférence des femelles, pour prendre renards, loups voire même des lièvres lorsque l’hiver recouvre le paysage de blanc. La femelle de l’aigle royal (Aquila chrysaetos) peut atteindre jusqu’à 2,40 m d’envergure pour un poids avoisinant les six kilos, ce qui lui donne plus de force et d’efficacité que les mâles. L’affaitage commence très jeune, incluant familiarisation avec le dresseur, exercices de vol, repérage de proies, et usage d’un gant spécial pour les réceptions.
Dans les étapes d’entraînement, les aigles apprennent à réagir à des signaux vocaux ou visuels, à revenir au poing après la capture, ou à chasser en terrain incliné, ce qui nécessite beaucoup d’endurance. Ces oiseaux vivent en général jusqu’à neuf ans auprès de leur maître, avant d’être parfois relâchés dans la nature ou réutilisés si leur condition physique le permet. Leurs soins incluent une alimentation riche en protéines (petits mammifères régulièrement fournis), une hygiène stricte du plumage, et souvent des sorties quotidiennes même en hiver pour maintenir la musculature. La famille de l’aiglier joue un rôle central : l’aigle n’est pas seulement un outil de chasse, mais un vrai membre de la maisonnée, très respecté. On vit avec lui, parfois dans la yourte. On lui enseigne les codes très précis de communication, et le soir, avec la famille réunie, l’aigle partage l’hospitalité au son du dombra, instrument à deux cordes traditionnel qui accompagne les chants, les contes et les histoires de la journée, traits d’union entre les ancêtres et leur rapport à la nature... (Photo Orso-Voyages)
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