Notre « mouflon de Corse » (Ovis aries musimon), est un mammifère artiodactyle (nombre pair de doigts), ruminant, de taille moyenne. Les mâles pèsent entre 40 et 60 kilos, alors que les femelles dépassent rarement 35 kilos. La toison des mâles est de couleur brun roux, avec un poitrail plus foncé et une selle plus claire. Les taches faciales, plus claires, sont plus marquées chez les vieux mâles. Les cornes, comme chez tous les bovidés, sont des productions épidermiques permanentes dont la composante principale est la kératine. Les cornes des mâles, enroulées sur elles-mêmes sont des trophées très prisés, et peuvent atteindre 1 mètre de longueur. Environ 10% des femelles portent elles aussi des cornes, mais qui dépassent rarement une quinzaine de centimètres. Les mouflons ont un potentiel de vie d’une quinzaine d’année, souvent abrégé par des aléas de la vie (blessures, prédation). (Photo Gérard Vaglio)

 

Répartition géographique

La plupart des populations de mouflons qui peuplent notre territoire sont issues d’introductions à partir de la souche Corse, qui ont transité pour certaines par la réserve de Cadarache (13). Les principaux noyaux se trouvent dans le Haut Languedoc, massif du Caroux-Espinouse qui abrite une forte population, de l’ordre de 1500 à 2000 mouflons. Parmi les autres sites, on peut citer les Alpes maritimes (Mercantour), la Corse (Monte Cinto, Bovella), la Lozère (Gorges du Tarn), le Cantal (massif du Sancy), les Pyrénées (Cerdagne), les Alpes (Savoie, Haute Savoie, Vercors), l’Aveyron (Grands Causses), le Marquenterre (baie de Somme), la Réserve Nationale de Chasse de Chambord (41). Espèce soumise à plans de chasse, la population totale de mouflons en France est estimée à un peu plus de 10 000 individus.

 

Reproduction

Espèce polygame, la maturité sexuelle est atteinte aux environs de 18 mois, aussi bien pour les mâles que pour les femelles. Le rut s’étale d’octobre à décembre et la gestation dure environ 160 jours. Les naissances ont lieu de mars à mai. La femelle met bas un agneau, rarement deux. Les agneaux suivent leurs mères dès la naissance, et sont allaités durant deux mois environ.

 

 

Régime alimentaire

Le mouflon est peu sélectif sur le choix de son alimentation. Herbivore ruminant exclusif, il consomme pratiquement toutes les espèces végétales présentes dans son environnement, y compris les mousses, les lichens, voire les champignons. Sa préférence va cependant aux graminées en période de pousse maximale (printemps, été). Il consomme également les jeunes pousses d’arbres et d’arbustes disponibles et accessibles. Dans certaines régions il ne dédaigne pas les plantes cultivées comme la vigne ou les céréales. Il n’est pas constaté de dommages notables sur les jeunes plantations forestières, mais çà et là, l’incursion des mouflons dans le vignoble (Haut Languedoc) inquiète les viticulteurs. Le mouflon apprécie particulièrement les fruits forestiers (glands, faines, châtaignes) qu’il dispute parfois en certains sites aux sangliers. Ses besoins en eau sont généralement satisfaits par la consommation des végétaux.

 

Rythme d’activité

Le domaine vital d’un mouflon ne dépasse pas quelques centaines d’hectares. Celui des mâles est sensiblement plus grand que celui des femelles, et en fonction de la saison et des conditions climatiques locales, les mouflons évoluent selon la pousse de la végétation. En été, ils ont tendance à monter en altitude pour rechercher un peu de fraîcheur. Ils fréquentent alors préférentiellement les versants nord (ubac) et les fonds de ravins ou de vallées. Par forte chaleur, ils peuvent même se réfugier en forêt. Par la suite ils redescendent et utilisent plutôt les versants sud (adret). Mal à l’aise dans la neige où ils peinent à se déplacer, ils fuient les territoires à risques en hiver.