Il serait vain de minimiser que les deux camps s’affrontent de plus en plus violemment, tout au moins verbalement. Fidèles à leurs habitudes, les pro-prédateurs ne font pas dans la demi-mesure : « protection à 100%, sans exception, et sans aucune régulation de l’espèce ». Mais, si le lynx est discret, et les ours dénombrés d’une façon précise et que personne ne conteste, il n’en est pas de même pour les loups dont, pour les éleveurs, les effectifs sont dramatiquement sous-estimés. Alors que les services officiels parlent de 850 à 1000 loups présents sur le territoire français, d’autres sources parlent de beaucoup plus, ce qui nous amène, en partant de cinq couples en 1990 et avec une progression de 20% par an, à une population comprise entre 2 400 et 2 800 loups, ou y ressemblant, tellement les doutes sur la pureté de l’espèce sont désormais ancrés dans les esprits.
Le pire est pour demain…
Concernant le loup, si nous prenons la moyenne entre ces deux extrêmes (1 000 têtes pour les uns et 2 500 pour les autres) cela fait quand même plus de 1 500 individus, qui vont amener tous les ans entre 300 et 350 nouvelles têtes… La saturation est donc proche, et déjà, on perçoit de la part des autorités quelques signes d’inquiétude. Ne souhaitons pas l’accident fortuit de la rencontre d’un randonneur avec un grand prédateur, mais cela arrivera un jour ou l’autre. Curieusement, les chasseurs restent trop silencieux sur ces réintroductions, peut être par crainte d’être accusés de vouloir trop protéger les espèces chassables… pour mieux les tuer ensuite. Mais, sachant qu’un loup « consomme » une centaine de proies par an, et toujours avec cette moyenne de 1 500, on arrive à 150 000 animaux tuées par ces grands prédateurs (entre 12 000 et 14 000 pour les animaux d’élevage, et environ 140 000 pour le gibier), auxquels il faut ajouter les victimes des lynx et des ours… Et cela occulte l’essentiel : les forêts qui crèvent d’ouverture et de sécheresse, les rivières qui ne coulent plus, les nappes phréatiques qui baissent dramatiquement, la pollution, la disparition des oiseaux, des insectes, etc… Mais cette écologie-là demande des efforts… que même les écolos purs et durs rechignent à faire !
Dans une interwiev diffusée hier, 29 décembre, Eric Lebec, ancien chargé de communication à l’ONCFS témoigne : « L’ONCFS était heureux, content et actif dans la réintroduction des loups… Des instructions ont été données sur l'interdiction de diffusion d’information… ». Critique, il dénonce la politique d'administration d’état, d’un coût exorbitant pour la collectivité nationale. Il ajoute : « Si les services scientifiques et techniques avaient été saisis dès le début, on aurait eu des informations précises sur l’hybridation et sur l'origine de ces loups. Si on avait eu ces informations dès le début, les services de l'ONCFS auraient pu interdire l'arrivée naturelle ou l’introduction active de ces soi-disant loups...».