Cornes serrées, crochets fermés, tête trapézoïdale…

Vu de trois quarts avant, il n’y a aucun doute possible, c’est un mâle. Eh bien non, en réalité, il s’agit d’une chèvre, et quelle belle chèvre ! Alors que chez le cerf et le chevreuil les bois marquent une différence sexuelle (déjà bien prononcée au niveau du corps), que chez le mouflon le dimorphisme et les cornes ne laissent aucun doute entre mâle et femelle, chez le chamois, la distinction entre le bouc et la chèvre n’est pas toujours évidente L’erreur de tir guette ! Chez le chamois et l’isard, le mâle et la femelle portent des cornes tout au long de leur vie. Cette caractéristique ne permet donc pas de distinguer le bouc de la chèvre, lors de la disparition de leur coiffure, à une période de l’année, comme cela se fait chez les cervidés. De surcroît, les différences corporelles annoncées dans de nombreux ouvrages consacrés à l’espèce chamois et isard ne sont pas toujours aussi flagrantes qu’on veut bien le dire. En effet, il est coutume de lire que le bouc présente des cornes épaisses, relativement serrées, aux crochets bien fermés. Des milliers de mensurations ont été pratiquées sur des milliers de chamois. Elles indiquent que, pour le bouc, l’angle formé par la droite traversant la partie verticale de la corne et l’axe de la terminaison du crochet s’établit en moyenne à vingt-quatre degrés, alors que, chez la chèvre, à âge égal, cet angle mesure cinquante et un degrés. Certes, les statistiques sont claires et démontrent une différence marquée. Pourtant, comme chez le bouc, certaines chèvres sont dotées de cornes très fermées. Dans certains cas, ce critère reste même plus prononcé que chez le mâle. La distinction sexuelle basée sur la forme du crochetage des cornes n’est donc pas infaillible. L’examen de l’écartement des cornes, complété par une attention particulière portée sur la forme de la base des étuis, apporte des éléments à même de confirmer ou d’infirmer le diagnostic fondé entièrement sur la géométrie des crochets. L’étui du bouc demeure plus fort en diamètre et reste plus épais sur une hauteur plus importante que chez la chèvre. Cela signifie donc que, même avec de très bonnes jumelles, l’identification à très longue distance n’est pas formelle. L’analyse des tableaux de chasse, notamment lors des commissions de contrôle pratiquées chaque jour de chasse, montre que ce sont sur les cornes et la tête que portent la majorité des erreurs d’appréciation entre bouc et chèvre.