Heureusement pour lui, les mentalités ont changé, mais l’animal avait bien failli disparaitre pour cause de surexploitation, sa fourrure ayant été particulièrement recherchée pour la beauté et l’efficacité de la protection qu’elle apportait. Constatant avec inquiétude le déclin de l’animal sur les territoires européens, le Cardinal de Richelieu avait favorisé la trappe du castor du Canada. Le commerce qui en résultait a été l’un des arguments à l’origine de la Guerre de Sept Ans (1756-1763), plus tard considérée comme l’une des premières guerres mondiales de l’Histoire. Parmi la liste des conflits, on trouve en effet une lutte entre Français et Anglais pour assurer le contrôle des meilleures zones de piégeage du rongeur constructeur, et au plus fort de la traite, on estime que 200 000 fourrures étaient envoyées chaque année vers l’Europe. En plus de sa fourrure, le castor a aussi un autre attrait : son « castoréum », une substance huileuse produite par les deux glandes périanales qui lui servent pour imperméabiliser son pelage et marquer son territoire. Mais ce produit, fort odorant, était très recherché car utilisé en parfumerie, en cosmétique et en pharmacopée. Quant à sa chair, elle était principalement consommée les jours maigres, car les religieux considéraient cette viande comme du poisson, puisque l’animal vivait dans l’eau et était porteur d’écailles. Son statut, depuis 1909, a fait du castor le premier mammifère protégé de France, mesure soutenue par la loi de protection de la nature de 1976. Craintif par nature, le castor est plus actif la nuit, et en cas de danger, il plonge, avertit ses congénères d’un battement de queue sur la surface, et ne réapparait que lorsque tout danger est potentiellement écarté.