La bande des « 12 Â»

 

1) Une balle ne vole pas (elle n'est pas motorisée !), de sorte que, dès sa sortie du canon, elle chute irrémédiablement sous l'effet de la pesanteur. Mais, il est établi que sa trajectoire sera d’autant plus tendue que sa vitesse initiale est élevée. Par la suite, sa vitesse restera étroitement liée à ses qualités aérodynamiques, c'est-à-dire à son coefficient balistique (BC). Aussi, choisira-t-on de préférence un BC le plus proche de l'unité lorsqu'il est formulé dans le standard américain.

 

2) Au moment du choix de la munition, la densité de section est aussi un indicateur très important. En effet, plus celle-ci est élevée, plus la balle pénétrera profondément dans la cible (donc plus grand effet destructeur). Pour un même profil, section et masse sont également des critères essentiels pour une meilleure précision. Mais attention, une balle précise, qui n’occasionne que très peu de lésions, sera moins utile qu'une balle moins performante, mais qui, bien placée, fera des dégâts considérables (à méditer !).

 

3) Ne pas perdre de vue : à égalité de section (ou même calibre), les projectiles légers seront plus influencés par le vent de côté que les projectiles lourds. A égalité de masse, de deux projectiles de section différente (calibre différent), le plus allongé (en conséquence, section plus petite, dont le BC est grand), sera moins influencé par le vent. Cependant, allonger exagérément le corps du projectile serait nuisible pour sa stabilité, donc finalement sa précision.

 

4) Les mesures de la densité de l'air sont importantes, mais pas aussi critiques que des erreurs sur les vitesses. Par exemple, une augmentation du degré d’humidité de l’air diminue sa masse volumique et, de ce fait, augmente le BC de la balle également, et inversement. En réalité, un air plus ou moins humide a très peu d’effet sur les performances aérodynamiques des projectiles modernes.

 

5) Par rapport à un tir horizontal, la trajectoire d’un tir angulaire est toujours plus haute. De plus, il existe une légère différence entre un tir vers le haut et un tir vers le bas.

 

6) Le tir du gibier à travers la végétation (arbres, broussailles, etc…) diminue la stabilité du projectile, qui souvent bascule au contact, ou est dévié de sa trajectoire initiale.

 

7) La trajectoire principale du projectile dépend essentiellement de la pesanteur, de la résistance de l’air et de l’inclinaison de la ligne de tir sur l’horizontale. Les termes correctifs se calculent au moment et sur le lieu où se font les tirs de réglage. La carabine et son calibre étant réglés, les paramètres balistiques sont alors considérés comme constants. Pendant le vol du projectile, le vent et la dénivellation du terrain sont les seules contraintes susceptibles de modifier considérablement sa trajectoire.

 

8) Pour mémoire, un tireur qui épaule à droite fait généralement un écart à droite en lâchant la queue de détente. Le recul tend aussi à donner un écart à droite, ces deux décalages provoquant la déviation de la carabine dans le même sens. Pour un gaucher, c’est le contraire. D’autre part, la prise de rayures du projectile entraîne également une légère déviation de l’arme. A ce sujet, il a été rapporté que la mise en conjonction de ces trois phénomènes perturbateurs était, lorsque leurs effets s’additionnent, une cause d’erreurs supplémentaire.

 

9) En l'absence de données balistiques concrètes fournies par l'encartoucheur de la munition sélectionnée, il est impératif d’établir ses propres tables de tir, valables dans toutes les conditions susceptibles d’être rencontrées sur le terrain. A ce sujet, de nombreux logiciels balistiques sont disponibles en ligne sur le Net). Il est même conseillé de noter, sur un carnet, certaines données balistiques, afin de pouvoir réagir rapidement et convenablement le moment venu.

 

10) Au stand de tir, les conditions sont presque toujours idéales. L’emplacement aménagé pour le tir à la cible est correctement métré, à l’abri du vent et d’un bon ensoleillement. Sur le terrain, l’observation individuelle, ainsi qu’une excellente connaissance du relief, deviennent alors indispensables. Il serait donc exceptionnel que les conditions qui ont précédé à l’établissement des paramètres balistiques puissent se réaliser tous ensemble, car de nombreux facteurs sont susceptibles de modifier la trajectoire théorique et, en conséquence, influencer le résultat final du tir. Sans vouloir les énumérer tous ici, on peut citer : les causes propres au tireur (position de tir, états psychologique et physique, niveau d’entraînement réel), celles liées à l’arme (niveau d’encrassement et d’usure du canon) et aux munitions (choix de la cartouche idéale en adéquation avec l’arme et le gibier chassé), le réglage préalable de l’arme (il est important que chaque tir soit aussi précis que le précédent), les facteurs environnementaux imprévisibles (les remous dus au vent et/ou les variations brutales de la température, la pression barométrique et le degré d’ensoleillement qui vont influencer directement l’état général du tireur).

 

11) Cela va de soi, la perte d’efficacité (énergie restante au moment de l'impact) croît avec la portée du tir. Il en résulte que le maintien, à un niveau élevé de précision et quelle que soit la distance, exige un choix approprié de la munition (masse, structure, calibre, etc) en fonction de la chasse pratiquée.

 

12) Enfin, pour en terminer, on aurait tort d’ignorer le rôle prépondérant du tireur avant, et au moment d’appuyer sur la queue de détente (c'est ce qui me semble le plus important). Somme toute, ce qui compte, c’est son expérience, son discernement, sa vue, et son habilité basée exclusivement sur un entraînement intensif au stand de tir, le meilleur entraînement étant certainement la pratique régulière du tir sportif.