La question de savoir combien de sangliers seront présents à l’ouverture de la chasse revient chaque année chez les adjudicataires de chasse. Mais, et pas pour les mêmes raisons, cette question se pose aussi chez les agriculteurs, les forestiers, et plus largement chez tous ceux qui s’intéressent, de près ou de loin, à la démographie du suidé sauvage. Chez Sus scrofa, cette dynamique des populations est souvent perçue comme chaotique et imprévisible. Pourtant, certains facteurs permettent d’anticiper, avec un minimum de recul, les évolutions des effectifs. Parmi ces facteurs, le niveau de la fructification forestière joue un rôle central. C’est même la clef de voûte de l’équilibre écologique du sanglier en milieu forestier. L’abondance de glands, de faines, de châtaignes et autres fruits forestiers constitue la base de l’alimentation automnale et hivernale de l'espèce. L’observation des arbres, et l’estimation même empirique de leur production (volume de fruits déjà tombés à terre et fruits encore en branches), permet donc une première évaluation. On sait que les années dites « de forte glandée » ont un impact direct sur la condition physique des laies à l’entrée de l’hiver. Cette alimentation riche provoque une entrée en chaleur précoce des laies adultes, les femelles bien nourries développant une épaisse couche graisseuse, favorisant à la fois la gestation, la lactation, et la survie des marcassins pendant la saison froide. Avec un rut précoce, la majorité des naissances aura lieu à partir de la mi-février et se poursuivra jusqu’à fin mai...
Faune sauvage : une espèce à découvrir… ou redécouvrir