Le territoire de chasse de Bukovetz
Denis est un fervent de chasse et particulièrement de sanglier et de battue. Il y consacre tous ses loisirs et même plus. Entretien du territoire, agrainage et direction d’une chasse réputée, ne sont que la partie émergée de l’iceberg de sa passion. La chasse, il la vit donc au quotidien sur le terrain bien sûr, mais aussi comme élu, et cette année, avec quelques amis, il a décidé de s’offrir un intermède cynégétique : un petit séjour de chasse au sanglier à l’étranger, le plus à l’est de l’Europe, en Bulgarie précisément. Voyage rapide en avion, arrivée à l’aéroport de Sofia, récupération facile et sans problème des armes, et c’est parti pour 250 km de route dans un confortable minibus, le territoire de chasse de Bukovetz se situant au cœur du pays. Après la séquence avion-aéroport, on plonge enfin dans les paysages bulgares qui s’égrènent à travers les vitres du véhicule. C’est beau et, après environ cent cinquante kilomètres, la neige apparait, témoignant du climat continental de la Bulgarie, marqué par des hivers froids et des étés chauds. Le territoire de chasse de Bukovetz, c’est le paradis de la chasse en Bulgarie. Situé au milieu de la montagne des Balkans et du pays, il couvre une superficie de 29 000 hectares de paysages variés, allant d’immenses plaines à une montagne boisée qui permettent pratiquement toutes les formes de chasse, de pratiquement tous les gibiers. On peut même organiser des séjours qui alternent grand et petit gibier sur la même journée. Les habitats naturels, la tranquillité ont été préservés, et le sanglier profite d’une gestion qui permet un bon vieillissement des mâles, et le prélèvement fréquent de grands trophées. Les montagnes couvertes de forêts permettent aussi la chasse du cerf élaphe, du daim, du sanglier, du chevreuil et du mouflon, alors que la plaine, extrêmement riche, offre perdrix, faisans, lièvres et toutes sortes d'oiseaux migrateurs.
Contact avec une nature préservée
Perdu dans ses rêves et l’admiration des paysages, Denis n’a pas vu passer les kilomètres, et c’est Miléna, la responsable, qui parle parfaitement français, qui les accueille au pavillon de chasse. Une boisson locale accompagnée d’une pâtisserie au miel sont servis aux chasseurs, qui disposent de leur après-midi pour s’installer tranquillement dans un confort parfait. Dehors, la neige étale son blanc manteau qui recouvre la forêt de hêtres qui ceint notre pied à terre et nous fait apprécier encore plus le confort douillet de la construction. Tout cela se prête bien à faire connaissance et à parfaire l’organisation du séjour. « Pas de doutes, nous sommes pris en main dans un environnement bien huilé… » dira Denis, une affirmation qui ne sera jamais mise en défaut pendant le séjour. Il est 6h30 quand le réveil sonne, et pas question de trainer car le départ est prévu à 7h30 précises. Dehors, les Land Rover attendent déjà l’équipe, et trente minutes de route suffiront pour rejoindre la zone de chasse. Chaudement habillés, les chasseurs embarqueront alors dans des camions désaffectés de l’armée russe, qui les déposeront à leur poste. Tout est organisé, tout est millimétré avec beaucoup de professionnalisme. Denis, chasseur de sangliers aguerri observe et participe sans jamais trouver objet à critique. A son poste, la neige a partiellement masqué les coulées, mais le déroulement de la battue lui montrera rapidement que chaque emplacement a été choisi avec une grande minutie. Sept à dix traqueurs et leurs chiens, essentiellement des courants bulgares et des baracks, se répartissent en deux à trois petits groupes dans des parcelles de 150 hectares environ et chaque traque ne dure qu’une heure trente à deux heures maximum, entièrement ordonnancée par radio. Les postes étant très espacés, uniquement placés sur les grandes fuites, pas de grandes pétarades mais les résultats sont là qui prouvent l’efficacité de la stratégie adoptée. Bien gorgés, les chiens donnent bientôt, troublant le silence ouaté de ce décor de neige, alors que quelques coups de carabines claquent déjà. Denis a pris ses marques et surveille particulièrement un bouquet de jeune régénération de hêtres qui s’anime bientôt dans un long bruissement de feuilles et de neige.. C’est une troupe et il s’amuse à en suivre la progression, là, juste devant lui. Ca y est les premiers animaux se devinent maintenant. Ils sont couverts de neige et hésitants. Sautera, sautera pas ? Immobile, Denis a doucement monté la carabine à l’épaule et attend. On ne s’habitue pas à ces situations toujours génératrices d’une grande excitation et Denis n’échappe pas à la règle. Respirer, sentir l’arme qui s’alourdit pour soudain tout oublier quand la grande laie de tête prend son parti, suivie par sa marmaille. Denis pose son point rouge sur une bête rousse mais un craquement dans les petits hêtres le fige de nouveau. Ne pas tirer, attendre encore, la carabine qui s’alourdit de nouveau et un bon mâle apparait dans la coulée qui sera promptement séché par la 338, comme dans un rêve. Un moment qu’il faut savoir apprécier alors qu’on est encore seul et que déjà, l’arrivée des 6x6 indique que la traque suivante s’enchaine. Les copains sautent des camions, félicitent le héros, racontent leurs réussites et tout le monde embarque rapidement pour une deuxième battue qui se révèlera aussi réussie. Un petit casse-croute bien chaud, est prévu pour midi, dans une charmante petite cabane chauffée par une immense cheminée. Le tableau du matin est préparé, on discute, on compare en se félicitant d’être là et c’est déjà l’heure de repartir pour une dernière battue….qui se confirmera aussi réussie. Le tableau du soir réunira tous les participants, responsables, traqueurs et chasseurs et ce sera le joyeux retour au pavillon pour (encore) un excellent repas et une nuit que l’on devine courte et peuplée de beaux rêves. L’expérience permettra à nos huit chasseurs de voir beaucoup de gibier et de prélever chaque jour 10 à 15 sangliers dont quelques très beaux males bien armés et le séjour passera comme un beau rêve donnant à nos amis une envie irrésistible de revenir…très vite.
La genèse : « Un matin, Dieu réunit les habitants de la planète, pour attribuer à chacun d’eux un pays. Comme le Bulgare n’était pas du genre pressé, il se présenta le dernier, alors que la distribution était terminée. Pour ne pas le renvoyer sans rien, le Créateur n’eut d’autre solution que de lui donner un morceau de Paradis… »
Au pays du yaourt : Coté gastronomie, la Bulgarie offre des spécialités riches, variés et raffinées, qui intègrent souvent salades et produits laitiers, parmi lesquels le yaourt, source incontestable de longévité, dont la consommation par habitant est historiquement la plus élevée d’Europe. Hérodote fut le premier à écrire que le yaourt de brebis provenait des Thraces. En France, le 3 février 1645, le Conseil médical donna son accord pour que le jeune roi Louis XIV, âgé de 7 ans, soit soigné pour des problèmes stomacaux avec… du yaourt, apporté de Bulgarie. Soumis ensuite à un régime complet, il fut sauvé, dit-on, d'une mort certaine.