Ce texte n’est pas une réflexion sur la nature : c’est une haine du vivant, du réel, de tout ce qui échappe à la bulle stérile des certitudes militantes. En psychiatrisant le chasseur, l’auteur s’offre une supériorité morale : il n’a plus à débattre, il diagnostique. Le chasseur, c’est « l’autre » : sale, macho, buveur, violent, caricature commode pour ceux qui n’ont jamais vu une aube en forêt, ni senti ce mélange de respect et d’humilité sous les frondaisons. « La chasse n’est pas un acte neutre », écrit-il encore, comme s’il fallait s’en excuser. Non, justement : elle ne l’est pas. Elle engage, elle responsabilise, elle relie l’homme à la nature qu’il prétend dominer. Ce n’est pas un loisir décérébré, c’est une pratique de gestion, de transmission, de mesure. Ceux qui chassent savent le prix de la vie, parce qu’ils connaissent la mort autrement qu’en théorie. Pendant que ce moralisateur s’enivre de mots et d’angoisses freudiennes, la nature, la vraie, continue. Les chasseurs, eux, entretiennent les milieux, régulent les déséquilibres que l’homme moderne, celui-là même qui le lit, a créés. La vérité, c’est que ce texte n’est pas un article, c’est une injure. Une insulte à des millions de citoyens qui respectent la faune, qui payent pour la protéger, et qui assument, sans posture, la part de responsabilité qu’implique leur passion. Qu’il garde donc ses fantasmes et sa morale hors-sol : la chasse n’a pas besoin de bénédiction, encore moins de psychanalyse sauvage. Elle a besoin d’honnêteté, de courage, et d’un minimum de respect, trois choses dont, à lire ce brûlot, ce « scribouillard de service » semble cruellement dépourvu.