Le petit journal de deux indissociables : la chasse et l'environnement

L’occupation de l’espace par les sangliers

La chasse au sanglier suppose avant tout la présence de l’animal, ce qui dépend de sa reproduction et de son occupation du territoire. Or, leur présence varie : un jour ils sont là, le lendemain disparus. Contrairement aux migrateurs, les sangliers ne quittent pas leur région pour d’autres continents ou massifs lointains. Ce sont plutôt des vagabonds infatigables, qui explorent largement leur environnement sans jamais vraiment migrer. Ainsi, les sangliers de la Thiérache ne viennent pas des Vosges, ni ceux de l’Esterel des forêts des Landes : ils vivent et se déplacent dans des zones relativement proches. Leur mobilité peut cependant être trompeuse pour les chasseurs, dont les territoires sont bien plus petits que les espaces vitaux des animaux. Lorsqu’un sanglier quitte un secteur, il n’a souvent parcouru que quelques kilomètres, parfois seulement jusqu’à la commune voisine. Autrement dit, lorsqu’ils ne sont plus « chez nous », ils restent encore chez eux. Pour comprendre ces déplacements, des équipes de chercheurs et de naturalistes ont entrepris d’étudier les stratégies d’occupation de l’espace des sangliers, avec la participation précieuse des chasseurs. Ces études ont consisté à capturer, marquer et suivre plusieurs milliers d’animaux à l’aide de boucles auriculaires ou de colliers émetteurs. Les données recueillies ont permis de mieux cerner le comportement des sangliers selon le sexe, l’âge et le contexte environnemental. On a ainsi pu définir le domaine vital d’un individu ou d’une compagnie. À partir des points extrêmes de leurs déplacements, les chercheurs tracent une zone en forme de « patate » représentant l’aire maximale explorée. Sa taille varie selon le biotope : plus restreinte en forêt dense, plus étendue dans les zones agricoles. En moyenne, une compagnie stable exploite entre 2 000 et 5 000 hectares autour de ses zones de mise bas. À l’intérieur, certaines zones restent inexplorées, soit parce qu’elles sont inhospitalières, soit parce qu’elles n’offrent aucun intérêt alimentaire ou protecteur. Les sangliers se déplacent aussi entre plusieurs zones de repos, selon la météo, le dérangement ou simplement leur humeur du moment...

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Webconférence : des milieux humides et des chiffres

L’Office international de l’eau et le Pôle-relais lagunes méditerranéennes organisent, dans le cadre du centre de ressources sur les milieux humides et avec le soutien de l’OFB, une webconférence intitulée : « Des milieux humides et des chiffres », qui se tiendra le mardi 9 décembre, de 14h à 16h (heure de Paris). Cette rencontre en ligne s’inscrit dans la continuité de la fiche 29 du 4e Plan national en faveur des milieux humides, qui prévoit de « documenter les impacts, les pressions, l’état et les actions menées sur ces milieux en renforçant leur intégration dans les Observatoires de la biodiversité ». Dans cette optique, le groupe technique « Milieux humides » de l’Observatoire national de la biodiversité (ONB), élabore actuellement des indicateurs permettant d’évaluer la santé et l’évolution de ces écosystèmes fragiles, soumis à de multiples pressions humaines et au changement climatique. Parallèlement, de nombreux Observatoires territoriaux de la biodiversité (OTB) se développent à différentes échelles, régionales, départementales, intercommunales ou encore à l’échelle des parcs naturels. Portés par des structures diverses (collectivités, établissements publics, associations, etc.), ces observatoires contribuent activement à la valorisation et au partage des connaissances sur la biodiversité locale. Leurs approches variées constituent un atout majeur pour renforcer la compréhension des dynamiques écologiques à l’échelle des territoires. Cette webconférence vise à répondre à plusieurs questions essentielles :

- comment les indicateurs nationaux sur les milieux humides peuvent-ils être mobilisés pour répondre aux besoins spécifiques des territoires ?

- quel rôle concret jouent les Observatoires territoriaux de la biodiversité dans la collecte, l’analyse et la diffusion des données ?

Le programme prévisionnel de la rencontre comprendra : - Une présentation générale de l’ONB et des OTB ; - Un point d’étape sur les indicateurs nationaux des milieux humides, adaptés à différents niveaux territoriaux ; - Le témoignage de l’Office de l’Environnement de Corse ; - L’intervention d’un second observatoire territorial (à confirmer) ; - Un temps d’échanges ouvert avec les participants. Cette webconférence constitue une occasion privilégiée de mieux comprendre les outils de suivi de la biodiversité, de partager les expériences locales et de contribuer à l’évolution des indicateurs dédiés aux milieux humides.


Santé des végétaux : premier foyer de nématode du pin détecté en France

Dans le cadre du programme national de surveillance des organismes nuisibles réglementés, conduit par les services régionaux de la protection des végétaux du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, un foyer de nématode du pin vient d’être identifié pour la première fois en France. La détection a été confirmée par le laboratoire national de référence de l’Anses sur la commune de Seignosse, dans le département des Landes, en région Nouvelle-Aquitaine. Ce ver microscopique, Bursaphelenchus xylophilus, originaire d’Amérique du Nord, est classé parmi les organismes de quarantaine prioritaires selon la réglementation européenne. Cette classification souligne son potentiel destructeur : en cas de prolifération, il pourrait avoir un impact majeur sur les forêts françaises. En conséquence, sa détection entraîne automatiquement la mise en œuvre de mesures de lutte obligatoires destinées à éradiquer le foyer et à empêcher toute dissémination. Le nématode du pin attaque principalement les conifères, et tout particulièrement les pins. Il s’introduit dans les tissus de l’arbre, bloque la circulation de la sève et provoque ainsi la mort rapide des sujets infestés. Le parasite se déplace d’un arbre à l’autre grâce à certains coléoptères vecteurs, responsables de la propagation de la maladie. À ce jour, il ne présente aucun danger pour la santé humaine ou animale, mais constitue une menace sérieuse pour l’équilibre des écosystèmes forestiers. Face à cette découverte inédite sur le territoire national, le préfet de la région Nouvelle-Aquitaine a décidé de réunir sans délai l’ensemble des acteurs concernés (services de l’État, collectivités, filière forestière et experts scientifiques) afin de définir un plan d’action immédiat. Celui-ci visera à prévenir la propagation du nématode vers d’autres massifs forestiers, notamment par des restrictions de circulation du bois et des contrôles renforcés. Ce parasite avait déjà été détecté en Europe : d’abord au Portugal en 1999, puis en Espagne en 2008, où il a provoqué des pertes considérables dans les forêts de pins. Jusqu’à présent, la France était restée épargnée grâce à des programmes de surveillance et de prévention rigoureux. Cette première détection marque donc un tournant majeur pour la protection des forêts françaises et mobilise pleinement les autorités afin de préserver durablement le patrimoine sylvicole national.


Première rencontre : la ministre Monique Barbut reçoit Willy Schraen

Aujourd’hui lundi, en fin de matinée, Monique Barbut ministre de la Transition écologique, recevra Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs, pour aborder les enjeux liés à la gestion durable de la faune et des habitats naturels. Il s’agit de la première rencontre entre la ministre récemment nommée, et le président des chasseurs, marquant un moment clé dans le dialogue entre le monde cynégétique et les acteurs de la protection de l’environnement. Cette réunion se déroulera en présence de Matthieu Lefèvre, ministre délégué chargé de la Transition écologique. Monique Barbut, ancienne dirigeante du WWF France apporte un profil atypique pour ce poste : son expérience dans les ONG environnementales et sur la scène internationale lui confère une expertise solide sur la biodiversité, les négociations climatiques et la gestion durable des territoires. Cette expérience pourrait favoriser un climat constructif et la recherche de synergies entre la chasse et la protection de la nature. Pour Willy Schraen, l’entretien constitue une opportunité de présenter les pratiques de chasse responsables et de discuter de leur articulation avec les politiques environnementales. Les échanges devraient aborder plusieurs axes : la réglementation, la conservation des espèces et des habitats menacés, et la cohabitation entre chasseurs, agriculteurs et acteurs de la biodiversité. L’évaluation des initiatives existantes et la promotion de programmes de sensibilisation à la préservation de la nature devraient également figurer au cœur des discussions. À moyen terme, cet entretien pourrait avoir des retombées concrètes et stratégiques. Symboliquement et concrètement, cette rencontre marque un tournant : la ministre Monique Barbut, forte de son expérience au WWF, engage pour la première fois un dialogue officiel avec Willy Schraen, et les deux parties disposent d’une occasion unique pour poser les bases d’une collaboration durable. Si elle se traduit par des initiatives concrètes, cette première rencontre pourrait devenir un modèle de coopération entre pratiques cynégétiques et préservation de la biodiversité, au service d’une gestion responsable des territoires et des écosystèmes.


Influenza aviaire : une hécatombe sans précédent chez les grues cendrées en Champagne

Depuis le début du mois d’octobre, la Champagne est frappée par une crise écologique d’une ampleur inédite. Plus de 10 000 grues cendrées ont déjà succombé à une épizootie d’influenza aviaire, transformant les lacs de la région (Der-Chantecoq, Amance et Temple) en lieux de désolation. Chaque automne, ces zones humides accueillent des dizaines de milliers d’oiseaux migrateurs venus d’Europe du Nord. Cette année, le spectacle majestueux de leur halte migratoire a laissé place à l’épizootie de grippe aviaire dont le virus, hautement pathogène et extrêmement contagieux entre oiseaux, décime les populations à une vitesse alarmante. Les grues, affaiblies, désorientées, s’effondrent parfois sur les berges ou meurent en plein vol. Si cette souche d’influenza aviaire ne se transmet pas à l’homme ni aux mammifères, elle menace gravement les équilibres écologiques et la filière avicole locale. Dans la Marne et la Haute-Marne, la faune sauvage comme les élevages sont désormais placés sous haute surveillance. Face à cette situation dramatique, les autorités locales, les associations naturalistes et les communes se sont mobilisées. Des zones de confinement ont été instaurées autour des principaux foyers. Des bacs de récupération d’oiseaux morts ont été mis en place, et les habitants sont appelés à la plus grande vigilance : ne pas manipuler les carcasses, signaler toute découverte aux services vétérinaires, et, en cas d’intervention nécessaire, se protéger avec masque, gants et sacs plastiques. L’objectif : éviter toute propagation supplémentaire. Mais malgré ces mesures strictes, l’inquiétude grandit chez les éleveurs. Les pertes économiques et le traumatisme psychologique sont considérables dans un secteur déjà fragilisé par les précédentes vagues de grippe aviaire. À Montier-en-Der, le célèbre festival international de la photo animalière, prévu dans les prochains jours, pourrait lui aussi être affecté. Des restrictions de déplacement et des zones interdites d’accès ont été instaurées. Les organisateurs et naturalistes redoutent que cette catastrophe écologique ne bouleverse durablement les migrations à venir.


La semaine en bref...

- Bouches-du-Rhône : à Vitrolles, la société de chasse et de protection du milieu naturel Lou Roucas a célébré, sur le plateau de Fontblanche, sa traditionnelle « Journée des Vieux fusils », rassemblant une quarantaine de chasseurs de plus de 65 ans. Cette rencontre, placée sous le signe du partage, du respect de la nature et de la convivialité, visait à faire revivre l’esprit authentique de la chasse provençale. Sous la houlette d’Olivier Parmentier, jeune président entamant sa deuxième année de mandat, soixante faisans ont été lâchés pour l’occasion. « Chacun est reparti avec son trophée, dans le respect des règles et de la sécurité », précise-t-il, rappelant que le tir sur les lièvres et lapins était interdit cette année pour préserver la faune locale. La matinée s’est conclue par un apéritif et un déjeuner, préparés par Bernard et Christian, anciens cuisiniers et membres fidèles de l’association. Comptant 184 adhérents, dont quelques jeunes et six femmes, Lou Roucas continue de promouvoir une chasse raisonnée. Les « Vieux fusils », garants de la mémoire cynégétique, veillent sur la biodiversité et sur l’entretien du plateau, véritable patrimoine naturel vitrollais. (Photo DR : B.B.)

 

- Cher : les braconniers de retour devant la justice... Ils avaient échappé à la condamnation pour un vice de procédure, mais ils devront finalement répondre de leurs actes le jeudi 13 novembre, devant la Cour d’Appel de Bourges. Les six braconniers poursuivis pour une série d’actes commis entre 2022 et 2024, pour certains liés à un équipage de chasse à courre, traquaient cerfs et sangliers de nuit à bord de 4×4, tirant sur les animaux ou les écrasant volontairement. Les enquêteurs de l’Office français de la biodiversité (OFB) ont recensé des dizaines de victimes, certaines scènes ayant même été filmées par les auteurs. Le 30 avril 2025, le tribunal de Châteauroux les avait relaxés, invoquant la nullité d’un acte d’enquête : des caméras avaient été posées sans autorisation d’un magistrat. Une décision vécue comme un déni de justice au regard des faits. En appel, le Ministère public demandera des peines exemplaires : jusqu’à quatre ans de prison, 60 000 euros d’amende, le retrait des permis de chasse et la confiscation des armes. Au-delà du procès, cette audience rappelle une évidence : le braconnage n’a rien à voir avec la chasse.

 

- Corrèze : rien ne va plus entre la Coordination rurale de la Corrèze (CR 19) et le Parc naturel régional (PNR) de Millevaches. Dans une lettre adressée aux 124 maires du territoire, la CR 19 demande aux communes de se retirer du parc, accusé de ne pas défendre les éleveurs face au loup. Selon le syndicat, le PNR « protège le prédateur au détriment des éleveurs », alors que « l’agriculture corrézienne fait vivre nos territoires ». La CR affirme que « chaque attaque, chaque perte d’animal, chaque éleveur découragé » prouve que « le loup n’a pas sa place dans les zones d’élevage ». Elle milite pour rendre l’animal « chassable et éradiqué » et appelle les élus à « ne pas être complices de la disparition de l’agriculture du Plateau ». Son président, Alexandre Clare, dénonce « un ras-le-bol » et exige des « actes forts » : « Les maires doivent choisir leur camp : soit ils soutiennent l’élevage, soit un PNR qui défend le loup... ». Le parc, de son côté, réfute ces accusations et réaffirme son engagement en faveur des éleveurs et de la cohabitation entre faune sauvage et agriculture...

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Chasse et tourisme : entre tradition cynégétique et levier de développement territorial

La chasse, autrefois considérée comme une pratique rurale ancrée dans les traditions locales, connaît aujourd’hui une profonde mutation liée à l’évolution du tourisme et des modes de consommation de la nature. Longtemps perçue comme un loisir élitiste réservé à une minorité, elle tend désormais à s’inscrire dans des logiques économiques et touristiques plus larges, contribuant à la valorisation des territoires ruraux et à la diversification de leur offre. Ce phénomène, souvent désigné sous le terme de tourisme cynégétique, attire une clientèle nationale et internationale en quête d’expériences authentiques, de contact avec la nature et d’un certain imaginaire de liberté sauvage. Dans plusieurs régions du monde, qu’il s’agisse des vastes réserves d’Afrique australe, des domaines forestiers français ou des territoires nord-américains, la chasse constitue un facteur non négligeable d’attractivité. Elle génère des retombées économiques significatives à travers la location de terrains, les taxes, l’hébergement, la restauration et les services connexes (guides, transport, équipement). En Europe, des territoires comme la Sologne en France ou la Castille en Espagne vivent en partie grâce à ces revenus. En Afrique, le tourisme de chasse représente pour certains pays un outil de financement de la conservation de la faune et des parcs naturels. Cependant, cette intégration de la chasse au tourisme ne va pas sans soulever des tensions. D’un côté, elle participe au maintien d’activités rurales et à la préservation de traditions locales. De l’autre, elle questionne la durabilité de la relation entre exploitation et protection de la nature. Les nouvelles attentes des touristes, plus sensibles à l’éthique et à l’écologie, conduisent à repenser la place de la chasse dans le paysage touristique contemporain. Elle se trouve ainsi à la croisée des chemins : entre valorisation patrimoniale et remise en cause morale, entre ressource économique et enjeu de durabilité...

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Tirer les deux yeux ouverts : un plus dans l'efficacité

Si ce réflexe n’est pas inné, tirer avec les deux yeux ouverts s’avère plus efficace et sécurisant. Dès que l’on doit aligner trois points dans l’espace, à travers une visée, l’œil non directeur a tendance à se fermer spontanément. Ce geste réflexe n’est toutefois pas toujours synonyme d’un meilleur résultat. Garder les deux yeux ouverts offre plusieurs avantages. D’abord, cela élargit significativement le champ visuel au moment du tir. Ensuite, cela permet d’évaluer plus précisément la vitesse de déplacement et la position de la cible dans l’espace. L’œil du côté opposé apporte une sorte de profondeur supplémentaire, une troisième dimension, qui enrichit la perception de l’environnement : relief, obstacles, arbres, et surtout la présence éventuelle d’autres personnes. On prend mieux en compte l’ambiance générale autour de la cible. Les méthodes diffèrent selon que l’on tire en visée ouverte ou avec optique. En visée ouverte (hausse et guidon), l’œil non directeur se ferme souvent pour forcer l’alignement, ce qui coûte du temps inutilement : si l’arme est bien réglée, hausse et guidon sont naturellement dans l’axe de l’œil directeur. L’œil secondaire peut donc rester ouvert pour élargir la scène. Les optiques « point rouge » illustrent bien ce principe : il suffit de placer un point sur la cible, tâche réalisée par l’œil directeur tandis que l’autre œil surveille le reste du champ. Le plus difficile reste de contrer l’instinct ancestral qui pousse à fermer un œil. Avec un peu d’entraînement on y arrive rapidement. Au début, imposez-vous un bref temps de préparation avant de presser la détente : cette micro-pause permet au conscient de dominer le réflexe et de vérifier que les deux yeux restent ouverts. En vous filmant lors des tirs vous pourrez vous corriger efficacement : on croit parfois garder les deux yeux ouverts alors que l’œil non directeur se ferme au dernier instant. S’entraîner en parcours de chasse est donc idéal : ces cibles mobiles obligent à suivre des trajectoires variées et démontrent vite l’intérêt du binoculaire. Ces séances améliorent la souplesse, aident à placer correctement jambes, pieds, buste et tête, et réduisent les ratés souvent dus à une mauvaise position corporelle. Enfin, garder les deux yeux ouverts permet d’observer immédiatement la réaction de l’animal et la direction de sa fuite après l’impact.


Poussée par les loups, la faune sauvage se rapproche de l’homme

Voilà qui ne va pas réjouir les défenseurs des animaux : la faune sauvage semble, peu à peu, se rapprocher de l’homme. Dans les campagnes, les montagnes et même aux abords des villes, cerfs, chevreuils, sangliers et autres animaux des forêts se montrent de plus en plus familiers. Un mouvement paradoxal, puisqu’il ne s’agit plus de fuir l’humain, mais bien de chercher, près de lui, une forme de protection. Les spécialistes de la faune observent depuis quelques années un déplacement des animaux vers les zones habitées. La cause ? Le retour des grands prédateurs, notamment du loup, qui regagne les massifs français après des décennies d’absence. Pour échapper à la pression de ce redoutable chasseur, nombre d’espèces préfèrent désormais s’approcher des villages, des routes et des exploitations agricoles. L’homme, présenté sous la forme du danger, devient donc un refuge. Ce retournement de situation illustre à quel point les équilibres écologiques ont été bouleversés. Là où le loup, protégé par la loi, retrouve peu à peu sa place, il entraîne une réaction en chaîne : les proies modifient leurs habitudes, les territoires se resserrent, et la cohabitation entre faune et population humaine s’intensifie. « On voit des chevreuils, des grands cervidés ou des sangliers venir se nourrir à quelques mètres des habitations. Ils savent qu’ici, le loup n’osera pas s’aventurer » explique un garde forestier. Mais cette proximité soulève aussi des tensions. Les agriculteurs redoutent des dégâts concentrés sur les cultures, les automobilistes craignent les collisions, et les associations de protection animale s’inquiètent d’une nouvelle forme de dépendance des espèces envers l’homme. La frontière entre nature sauvage et territoire humain devient floue, au risque de brouiller les comportements naturels des animaux. Ironie du sort : dans son instinct de survie, la faune sauvage semble avoir compris ce que bien des écologistes nous reprochent : l’homme reste un prédateur raisonné, plus prévisible que ceux à quatre pattes. Comme quoi, le « super-prédateur » que nous sommes, destructeur de tant d’habitats, devient à présent, pour la faune effrayée, la planche de salut. Une drôle de victoire pour l’espèce humaine.


Treize jours dans un terrier...

Voici l’histoire incroyable de « Duck von Percival », né teckel à poil dur, consacré deux ans plus tard « chien de rouge » et auteur, au cours d’une longue carrière, de plusieurs centaines de recherches. L’une d’entre elles s’est déroulée fin septembre 2002, lors d’une mémorable recherche sur un grand vieux sanglier blessé. Nous sommes dans le département de la Marne, dans une petite localité des environs du lac du Der, une étendue d’eau artificielle de près de 5 000 hectares, alimentée par la Marne et créée en 1970 pour approvisionner en eau la ville de Paris, tout en limitant les crues parfois capricieuses de la rivière, sur son parcours dans la plaine de Champagne. Ce dimanche-là, vers dix-neuf heures, la sonnerie du téléphone retentit chez Bernard, conducteur de chien de rouge. « Allô, Bernard ? Ici Jean-Pierre. Es-tu libre demain matin ? J’ai un de mes gars qui a tiré, en fin de chasse, un sanglier assez gros, m’assure-t-il, et qui accuse le coup. Il plie les antérieurs, pique du nez, se relève et repart. Qu’en penses-tu ? ». En bon conducteur prudent, Bernard donne son avis et confirme le lieu et l’heure du rendez-vous pour le lendemain matin. Le lundi, à huit heures précises, Jean-Pierre, adjudicataire du lot de chasse, accompagné du tireur, attend l’équipe de recherche, qui ne tarde pas à les rejoindre. Ensemble, ils se rendent sur la chasse, à l’anschuss. Claude, l’auteur du coup de feu, se repositionne comme la veille et décrit calmement la scène qu’il a vécue en quelques secondes. Duck von Percival, assis derrière la longe, semblait très attentif à la description des événements. Quelques minutes plus tard, Bernard passe la botte au cou du teckel et l’invite à chercher les indices de blessure laissés par le sanglier. Les consignes du conducteur sont simples : dans les parties humides couvertes de roseaux, la progression se fera en ligne, conducteur et chien sur la piste, accompagnateurs couvrant les flancs droit et gauche en surveillant attentivement les quelques mètres de visibilité qui s’offrent devant le chien de rouge. Très appliqué dans son travail, Duck empaume rapidement une voie. Soupçonneux, Bernard arrête le chien, cherchant la goutte de sang qui confirmerait que la trace est la bonne. Effectivement, quelques mètres plus loin, à une cinquantaine de centimètres de hauteur, sur la partie gauche d’une canne de jonc, une trace rougeâtre confirme le bon choix du chien. La recherche est lancée…

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Un rapport sur les pesticides édulcoré par le ministère de l’Agriculture ?

Selon certaines révélations, le ministère de l’Agriculture aurait influencé la rédaction d’un rapport public afin d’atténuer les liens entre pesticides et cancers. Rien n’est prouvé, mais plusieurs éléments laissent penser qu’une intervention politique aurait pu avoir lieu dans la présentation des conclusions scientifiques. D’après ce qui a été rapporté par « Le Monde » le 30 octobre, le Haut-Commissariat à la stratégie et au plan (HCSP) aurait remis à l’Assemblée nationale un rapport de 500 pages consacré à la santé environnementale. Ce document, abordant le bruit, les polluants éternels (PFAS), la pollution de l’air et les pesticides, propose diverses mesures pour réduire l’impact des pollutions sur la santé : renforcer les contrôles sur les pesticides, soutenir l’agroécologie, interdire les produits chimiques près des zones de captage d’eau, ou encore rémunérer les agriculteurs pour leurs pratiques respectueuses de l’environnement. Le contenu final du rapport a-t-il été modifié avant publication ? Des membres du conseil scientifique auraient dénoncé des réécritures venues du cabinet de la ministre de l’Agriculture, relativisant les conclusions les plus alarmantes. Parmi les passages concernés, celui évoquant un lien entre la proximité des vignes et un risque accru de leucémie infantile aurait été qualifié de « peu robuste » et « posant question », affaiblissant ainsi la portée du constat initial. Certaines associations écologistes y voient la continuité d’une stratégie politique visant à protéger les intérêts économiques du secteur agricole au détriment de la santé publique, accusant l’État de privilégier les profits des multinationales. Le ministère de l’Agriculture, pour sa part, a démenti toute manipulation ou suppression de passages.